Image by Elanor Flamel |
La Résurrection n'est pas un événement que l'on peut examiner, étudier et critiquer à l'aide des instruments qu'on utilise habituellement en histoire, parce qu'elle nous est présentée par le Nouveau Testament comme un événement-limite. La Résurrection, c'est le fait que Jésus est élevé dans la gloire et qu'il nous donne l'Esprit. (...) Par cet événement, Jésus inaugure la fin des temps, et il échappe donc aux prises des historiens.
Personne n'a assisté à la Résurrection. Certains ont raconté les apparitions de Jésus, ils ont rapporté qu'il leur est arrivé au nom de Jésus quelque chose d'extraordinaire qui a donné à leur vie un sens tout à fait nouveau, et qu'ils ont été transportés, à l'intérieur d'eux-mêmes…
Si la Résurrection est raisonnable, ce que je crois au fond, c'est dans la mesure où elle permet de répondre à une question fondamentale sur ce qu'on appelle vivre. Ou bien il est ressuscité et il est le maître de la vie, ou bien tout cela est du vent. Le travail que fait en nous l'Évangile nous amène à entrer dans un questionnement de plus en plus serré, de telle sorte qu'un jour on peut dire que si vivre vaut la peine alors qu'on l'a autant mis en question, c'est qu'il est vraiment le maître de la vie.
Cela doit passer, comme certainement pour les disciples, par une expérience personnelle.
Il n'y a pas d'autre chemin ! Confronté au problème de mon existence personnelle à l'écoute de la parole de l'Évangile, je découvre que mon expérience personnelle est un paradoxe devant lequel il faut que je me décide : dire oui ou non à la foi pascale.
Le rejet fait nécessairement partie de la foi. Nous ne connaissons Jésus et son Évangile que comme cette Parole que, par moments, nous sommes tentés de repousser. C'est quand nous engageons le combat avec la Parole qu'elle peut triompher de nous. Les pires, et parfois c'est vous et moi, ce sont ceux qui n'engagent pas le combat. Ils vont à messe, disent le chapelet, mais n'engagent pas le combat. Et il y a ceux qui engagent le combat : Je ne veux pas de toi, je ne comprends pas qui tu es. Ceux-là peuvent, si j'ose dire, être terrassés par Dieu, en une bienheureuse défaite. On nous promet trop souvent une foi tranquille, or il n'y a pas de foi tranquille, il n'y a pas de vie tranquille. Si on aime, si on fait des projets, si on prend des risques, il n'y a pas de vie tranquille. La parole de l'Évangile nous accompagne dans le tumulte de notre vie. Croire, cela se passe dans le tumulte, dans le désordre, dans la tempête quand le bateau coule, dans le désert quand les gens ont faim... Relisez la Bible ! Pour reprendre les mots du prophète, Dieu, finalement, est dans le « fin murmure ». Mais pour l'entendre dans le fin murmure, il faut avoir tenté de le reconnaître dans le tonnerre et dans la tempête.
Henri-Jérôme Gagey, théologien à l'institut catholique de Paris.
croire.com le 16 mars 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire