28 avril 2018

JE SUIS EN CHEMIN



Image Panorama juin 2017


J’ai obtenu l’autorisation exceptionnelle de franchir la clôture monastique de l’abbaye Notre-Dame-du-Pesquié, dans l’Ariège. J’y ai rencontré des femmes étonnantes. Franchement, j’arrivais avec des préjugés et cette image des « bonnes soeurs » un peu coincées, vivant une existence austère, totalement coupée du monde. J’ai découvert des femmes épanouies, pleines d’humour, qui se sont mises à me parler de Jésus comme s’il était là, presque physiquement présent, dans la pièce d’à côté ! 
J’ai grandi dans la foi chrétienne. Des drames m’en ont éloigné, mais la question de l’existence de Dieu demeurait en moi. Disons que, modestement, je me suis remis en route sur un chemin de questionnement spirituel un peu chaotique, où j’avance à tâtons.
(...) Je crois que la grandeur de la foi chrétienne consiste justement à accepter de n’être jamais totalement sûr. Et, malgré les doutes, de continuer d’avancer comme on peut. De grandes figures, comme Soeur Emmanuelle ou Mère Teresa, ont témoigné de leurs propres doutes à la fin de leur vie.
Je me demande pourquoi chez certains la foi relève presque de l’évidence et pourquoi pour d’autres – dont je suis – elle s’apparente à un chemin escarpé et obscur. Peut-être que je ne Le cherche pas suffisamment ? Cependant, je ne crois pas que la probabilité de Le rencontrer soit proportionnelle à l’ardeur mise à Le chercher !
Jésus, c’est un rebelle qui ne craint pas, au péril de sa vie, de bouleverser l’ordre établi. Jésus, pour moi, c’est le frère qui tend la main au pauvre, au paria, au rejeté. C’est l’homme de la multiplication des pains qui se préoccupe de la faim de tous. Celui qui, par amour, va au bout de ses convictions et accepte de mourir pour nous. J’aimerais le sentir là, à mes côtés. (...) Ce désir habite ma prière. Une prière spontanée qui me vient aux lèvres n’importe où, avant un tournage, sur mon scooter, en pleine nature.
Avec les soeurs bénédictines, j’ai un peu compris que le sentier passe par le silence et la solitude. Une plongée en soi est nécessaire, non pas pour se contempler le nombril, mais pour se mettre à l’écoute d’un Dieu qui habite en nous. Je ne crois pas qu’on puisse traverser cette vie sans chercher à lui donner une dimension spirituelle. Nous sommes tellement englués dans le bruit, le matérialisme, la superficialité. Je pressens confusément qu’il y a près de nous une puissance d’amour qui veille sur nos vies. J’aimerais m’en approcher. Je crois qu’il me faut lire la Bible, que je connais peu, découvrir ce qu’elle dit de cet amour infini. Sans caméra, il m’arrive de retourner faire une escale au monastère Notre- Dame-du-Pesquié. J’ai cette chance de pouvoir y rencontrer les soeurs, « mes » soeurs ! Je sais, avec beaucoup d’émotion et de gratitude, qu’elles prient pour moi. Et je crois que leur prière est mystérieusement féconde. Je suis en chemin...

Olivier Delacroix, journaliste, chanteur
Extraits de  l‘entretien „ Jésus, je rêve de le rencontrer „
Prier mai  2018

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