Il en est aujourd'hui qui vivent comme au jour du samedi saint, dans un sentiment subjectif d'absence de Dieu, face au silence de Dieu, comme s'il était mort. Leur existence se passe sans qu’ils se sachent aimés, ni de Dieu ni des hommes, si intime est la réciprocité de l'un à l'autre. L'un des plus purifiés par l'épreuve, Charles de Foucauld, n'écrivait-il pas au soir de sa vie : « Je ne sais pas si Dieu m'aime et je ne sais pas si je l'aime. » Pourtant, même sans dialogue, lui regarde et toujours nous considère. Il nous engage à ne pas faire l'économie de la foi, à avancer sans la vue, joyeux de croire sans avoir vu, et cela pour les hommes, parmi les hommes. Serions-nous au temps des veilles de Pâques, dans l'attente d'un passage nouveau pour l'Église - Pâques signifie passage - ? De même qu'au samedi saint, le Christ est descendu jusqu'aux régions inférieures de la terre, à nous de mettre à profit ce temps de repos pour le laisser descendre dans les profondeurs de nous-mêmes. (...) Laisser descendre le Christ jusqu'aux profondeurs de nous-mêmes, dans ces régions de notre personne qui ne sont pas encore habitées et qui se refusent ou qui sont dans l'impossibilité d'adhérer au Christ. Il pénétrera les régions de l'intelligence et du cœur, il atteindra notre chair jusqu'aux entrailles, en sorte que, nous aussi, nous ayons un jour des entrailles de miséricorde (Col 3,12).
Frère Roger Schulz, 1915-2005 fondateur de la communauté oecuménique de Taizé.
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Dans les films, il y a souvent un moment où le héros risque sa vie pour porter quelqu’un : une femme évanouie, un enfant choqué, un soldat blessé… Je sais : c’est un cliché. Eh bien ! Ce cliché, je ne suis pas sûr qu’il aurait du succès s’il ne trouvait en nous aucune prise. Dans la « vraie » vie, en effet, nous avons tous été portés. Ça a d’ailleurs commencé très tôt. Au berceau, et même avant. Portés pendant neuf mois. Portés dans les bras, sur les genoux, sur les épaules. Portés, jusqu’au jour où nous avons pu tenir debout et avancer tout seuls. De cette époque lointaine, qui sait si nous n’avons pas gardé une certaine nostalgie ? Parce qu’en étant portés, au fond, nous faisions l’expérience d’être aimés... La Bible, elle aussi, raconte l’histoire d’un peuple porté. Porté par Dieu – et souvent à bout de bras. Tu te souviens sans doute de la brebis perdue, ramenée au bercail sur les épaules du berger… Soyons francs. Suivre Jésus ne te dispense pas de porter tes propres fardeaux ni ceux des autres. Mais tu n’es pas seul. Sa présence t’assure que rien n’est un poids mort, tout a un poids d’éternité. Voilà pourquoi je te porte, tu me portes, il nous porte – avec tout ce que nous portons. Ce n’est pas un film ; c’est la réalité.
Fr. Sylvain Detoc, dominicain
Portez les fardeaux les uns des autres.
Épître de saint Paul aux Galates, chapitre 6, verset 2
careme.retraitedanslaville.org 30/03/2018
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