21 mars 2018

RETROUVAILLES AU CIEL






Aller au ciel, ce n’est pas seulement trouvre ceux que nous avons aimés, mais aimer ceux qui nous parurent méprisables, acquiescer à la promotion des ouvriers de la dernière heure, entrer dans la fête donnée pour la pauvre cloche, l’enfant prodigue, les marmiteux et hurluberlus de tous bords. C'est être reçu par le plus antipathique, devenant pour nous spécialement le maître de maison: ayant été pour moi le plus repoussant sur la terre, il était le commissionnaire du ciel, celui que le Seigneur avait placé là comme une digue pour faire monter le niveu de ma charité. C'est aussi accepter de voir tel pécheur pour qui nous avions prié soudain plus haut que nous: à la dernère minute, il s'ouvrit au plus grand abandon, tandis que nous, bons pratiquants, nous prétenions devant Dieu nous targuer de nos nombreuses dizaines. Car, si le bourreau doit admettre qu'il ne pourra recevoir sa joie que des mains de sa victime, le bienfaiteur doit souffrir que son protégé, en dernier lieu, le protège. Si ma vie à venir consiste à voir face à face ce Lazare qui à présent me dégoûte, j'ai intérêt, dès à présent, à surmonter ma sensibilité électrique, et à l'aimer comme il est aimé de Dieu, sans quoi mon éternité céleste se changera en une perpétuité infernale.

Fabrice Hadjadj, philosophe, essayiste
Méditation "Retrouvailles célestes"
MAGNIFICAT hozana.org

 

2 commentaires:

Unknown a dit…

Je crois que nous aurons des surprises. Il ne faut jamais se juger meilleure

Kunz-Bagros Chantal a dit…

Il ne faut jamais se juger meilleurs,certainement. Jésus Lui-même nous met en garde:
" Bien des premiers seront les derniers et bien des derniers seront les premiers." Mt 19,30