2 mars 2018

LA PAROLE, MON TROISIÈME POUMON






Mon moi idéal est un ascète béat qui loue l’Éternel au lever du soleil, fait quelques étirements pour l’entretien du corps, mange lentement quelques fruits frais pour son hygiène alimentaire et ne résiste pas à se plonger, sans plus attendre, dans la manne de l’Évangile. Manne qui l’attend, bras ouverts et cœur battant, pour commencer la journée en s’arrimant tout simplement à l’essentiel. Mon moi réel maudit le jour de l’extirper brutalement de l’oisiveté  du sommeil, s’oriente au radar dans une maison continuellement en désordre, cherche une tenue de saison pour son plus jeune fils qui n’a plus rien de bien décent à se mettre depuis six mois, balaie d’un revers de manche les restes d repas de la veille pour faire place plus ou moins nette au petit déjeuner. Et chaque matin, mon moi réel préfèrerait aller se recoucher que d’ouvrir sa Bible.
(...) Je ne suis pas mon moi idéal et je ne me dirige pas naturellement ers la rumination régulière de la Parole. Je rumine aisément mes chimères, mes projets, mes frustrations, mes inquiétudes, mais la Parole, non. Ce rendez-vous m’a donné de développer de mois en mois un troisième poumon, celui par lequel l’Évangile m’oxygène en permanence. Quelle grâce que cette contrainte ! Oserais-je dire qu’elle me manque ? Et ce rendez-vous avec des lecteurs inconnus, cette communion [internet] entre les mains de Dieu...
En acceptant de m’engager à cette hygiène spirituelle, (...) je tâche de « continuer » l’Évangile. Mettons au compte des savoureuses espiègleries de l’Esprit qu’au final et en vérité, c’est plutôt l’Évangile qui me continue.

Marion Muller-Collard, théologienne protestante 
Extrait de « Éclats d’Évangile »
Croirelib’

Aucun commentaire: