13 mars 2018

À CHACUN SON CHEMIN




 
« Là où est le calme est la sagesse ; là où est la sagesse est le calme.  Ce ne sont pas deux choses différentes. » Hui-Neng, maître zen du 7ème siècle.
Cette quiétude est rare, mais quand nous l'expérimentons elle s'accompagne toujours d'un « tressaillement », une vibration sur laquelle on pose le mot « joie ». La joie d'être... tout simplement et laisser émerger cette joie au milieu même des privations ou des souffrances de quelque nature qu'elles soient. Cela nous indique une capacité spirituelle qui naît en nous : distinguer les états de l'âme et du corps d'avec les qualités de l'esprit en nous. 
Expérimenter les moyens personnels qui me rendent vraiment vivant, contrairement peut-être à ce que j'ai cru devoir faire jusqu'alors pour me sentir vivant... sans vraiment y arriver … Il est vrai que nos croyances et identifications ont la peau dure : Quitter ses certitudes, et abraser son âme de tous ses souvenirs, de toutes ses croyances ; empilement confus en mille feuilles fanées. 
Oui, va, quitte ton pays de certitudes et de croyances et entre dans le Présent qui t'habite depuis toujours. Et que te répète-t-il depuis toujours : « Epheta !  Ouvre-toi ! » ; « N'aie pas peur ! » ; « Avance en eau profonde ! Et là, jette-toi... ». La vie en Christ n'est pas un chemin, c'est un saut dans l'inconnu ! Brûle tes balises, tes cartes, jette ta boussole, puis viens et suis-moi ; nous allons ensemble tracer ton chemin.
« Les panneaux indicateurs sont tombés, des sentiers incertains se déroulent devant nous. Il n'y a qu'un seul chemin et c'est votre chemin. Que chacun suive son propre chemin. » nous dit le philosophe Jüng.
Chaque être humain est unique, et nous cherchons ce que nous sommes déjà. Il n'y a rien à réaliser, nul progrès à faire. Il s'agit de s'éveiller au réel et quitter encore et encore ce pays des illusions du mental pour aller vers Celui qui demeure en moi de toute éternité. Chaque être humain est en devenir vers un devenir qui est le chemin. 
Le chemin consiste à revenir encore et encore de mes distractions incessantes pour m'ancrer à nouveau dans l'expérience du ressenti de la vie en moi qui va et qui vient sans que je fasse quoi que ce soit. Alors arrêtons de confondre nos désirs et nos besoins. Entre tes mains Seigneur je remets mon souffle, ou en tout cas je m'y exerce !      

Père Francis, prêtre orthodoxe
Extraits de la Lettre de Béthanie n°150, mars 2018

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C'est un vrai choix de m'éloigner de la religion après mon diagnostic [de sclérose en plaques], même si cela peut sembler paradoxal. Je ne savais pas pourquoi je croyais, je me posais énormément de questions. J'allais à la messe et "What else" ? A mes yeux, la religion nous montre le chemin, mais c'est nous qui devons marcher dessus. Quand le malheur frappe, on demande tout à Dieu : nous prendre la main, nous faire marcher, nous guider. Pourtant il me semble qu'il faut apprendre à se connaître soi-même, s'apprivoiser, s'écouter, pour pouvoir emprunter le chemin de ce qui est bon. [...]
Cette foi, si elle n'a rien de protocolaire, est pure dans mon coeur. Je la ressens chaque jour un peu plus fort. Mettre des mots dessus, reste difficile. Mais je me sens mieux dans mes pompes quand je vais à la messe, ou quand j'en parle avec ma grand-mère de 80 ans, qui est un peu ma meilleure amie  ! [...]
Je m'abandonne à tout ce que la religion fédère comme idées, comme amour, et c'est cet élan qui m'entraîne, me donne le souffle. Dieu se laisse voir chez toutes les belles personnes que je rencontre. 

Marine Barnérias, « Au-delà de la maladie »
Extrait de Panorama, n° 547, janvier 2018


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