10 février 2018

FERME LA PORTE ET RASSEMBLE-TOI !






Nous entrons ce mois-ci dans le temps du carême, temps béni de retournement et de restauration de notre être. Temps de prière, de joie et temps de secret car comme dit le Christ : « Quand donc tu fais l'aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi… que ton aumône soit dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra… Et quand tu veux prier, entre dans ta chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Mt 6. 1 à 6)
Un mot revenant plusieurs fois dans ce passage de Matthieu va nous renseigner sur ce que Jésus entend par accomplir : c’est le mot : « secret ». (...) Jésus aurait-il une culture du secret, comme on dit aujourd’hui ?
Mais Il dit ailleurs « tout ce qui sera caché sera dévoilé », ce n’est donc pas le cas. Plus simplement Jésus vient ici nous apprendre à faire un pas de plus, à passer des gestes extérieurs, aussi positifs soient-ils en eux-mêmes, comme l’aumône, la prière ou le jeûne, à des gestes habités, à des gestes intériorisés, à des gestes du cœur.
Agir non plus devant les hommes, mais dans le secret, c’est-à-dire dans le cœur, car c’est là que voit le Père, c’est là que voit la Source et le principe de la Vie, puisque c’est là, dans notre cœur, qu’elle jaillit d’abord si nous lui ouvrons la porte.
« Quand tu pries », « entre dans ta chambre » autrement dit : entre à l’intérieur de toi, sois présent à toi-même, sois dans l’instant présent ; puis « ferme ta porte », c’est-à-dire rassemble-toi, ne te disperse pas à l’extérieur, ne te répand pas, ne te perds pas dans le multiple, « et prie ton Père qui est présent dans le secret ».
Descendre de notre mental dans notre cœur, sortir du paraître pour l’être, du m’as-tu vu pour le secret du cœur, habiter nos gestes, nos attitudes, être présent à nous-mêmes, c’est à cela que nous invite Jésus tant dans l’aumône, c’est-à-dire le partage, pour parler plus largement, dans notre relation à l’autre, que dans la prière c’est-à-dire dans notre relation à Dieu, au Père. Puissions-nous garder pendant ce carême cette attitude à laquelle Jésus nous invite pour accomplir la Torah, la Loi de Dieu !

Père Pascal, prêtre orthodoxe
Extrait de l‘exhortation de carême, lettre no 149

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