11 décembre 2017

DIEU, BÉBÉ DANS UNE CRÈCHE ?







Jésus a-t-il vraiment été un bébé ?
Certains se demandent aujourd'hui tout d'abord si Jésus a vraiment existé. La question ne s'est posée que tardivement, et si aux tout premiers siècles on a pu refuser de croire en lui, on ne remettait pas son existence en question. Je crois donc qu'historiquement, Jésus a vraiment existé. Que savons-nous de lui ? Les évangiles ne sont pas des récits historiques de sa vie au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Ce sont des prédications qui cherchent à mettre en évidence, à travers des récits, ce qui nous apporte le salut en Jésus-Christ. Certains passages sont de la théologie traduite en récits. Quand les évangiles nous rapportent que Jésus a marché sur les eaux, s'agit-il d'une réalité physique, magique, ou bien est-ce pour nous dire qu'en ayant foi en Jésus-Christ, on peut cheminer et avancer sans couler, même dans les difficultés ?
La naissance de Jésus est certainement historique. Les bergers et les mages peuvent être la mise en récit d'une réalité fondamentale… Deux évangiles rapportent la naissance et l'enfance de Jésus, les deux autres ne le font pas. Je pense que cela a un sens spirituel important. Angelus Silesius, un mystique allemand du XVIIe siècle, disait : "Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s'il n'est pas né en toi, tu restes mort à jamais". Il faut que Jésus naisse et grandisse en nous.
Le récit de la naissance de Jésus a un sens théologique, il dit que Dieu a accepté de se faire petit pour transformer l'histoire du monde et nous transformer nous-mêmes. 
C'est fondamental de saisir comment Dieu transforme le monde et nous transforme, en commençant par ce qui est petit, ce qui vient de naître. 
Cette petitesse et cette fragilité du bébé nous disent que Dieu travaille le monde non pas brutalement et de l'extérieur, en tordant la réalité, mais en venant y faire germer de petites semences de parole et d'écoute qui vont nous transformer. Rien de spectaculaire ni de brutal, qui nous accablerait et nous "formaterait", nous enlèverait toute personnalité. Dieu a besoin de notre personnalité, de notre créativité, il ne peut pas venir la froisser de l'extérieur. Il ne peut que l'ensemencer avec un appel, un accompagnement, avec une tendresse dont l'histoire de la naissance de Jésus nous parle aussi. Comme Marie a mis au monde, nourri, réchauffé et bercé son bébé, nous pouvons faire de même avec notre tout petit début de foi, le protéger, le faire grandir et progresser. C'est un appel à la tendresse pour notre foi et la foi de ceux qui nous entourent.

Pasteur Michel Pernot, de l'Oratoire du Louvre à Paris,
Extrait de l'émission "Mille questions à la foi" sur Radio Notre-Dame. Publié le 31 décembre 2014. 

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