Image Elanor Flamel |
Pourquoi écrire moi-même ici aujourd'hui ? Parce qu'un proche me l'a suggéré avec insistance.
J'aimerais donc livrer quelques réflexions sur la souffrance difficilement compréhensible pour nous, bien portants, des personnes dépressives. Il ne s'agit donc pas d'une " Lettre ouverte aux dépressifs ", mission impossible, non-sens, car ces personnes n'ont que faire de nos conseils bien intentionnés qui ne peuvent les rejoindre.
C'est donc aux accompagnants comme moi, sans formation professionnelle, mais personnellement confrontés aux malades concernés que s'adresse ce message.
Il me semble que nous avons deux choses essentielles à leur donner: notre présence et notre écoute. Les deux se rejoignent car il n'y a pas de présence authentique sans écoute.
Par notre présence physique attentive nous offrons du même coup un peu de notre temps. C'est pourquoi je m'efforce de ne jamais arriver chez un malade en m'excusant aussitôt: " Vous savez, je ne peux pas rester longtemps, mon agenda est si rempli ". C'est vrai, certainement, mais le message reçu sera pourtant tout différent: " Elle n'a pas envie de me voir ". Le temps accordé n'a de sens que si ma capacité d'écoute est entièrement au rendez-vous.
L'écoute véritable se fait souvent dans le silence, nos paroles devenant quasiment inutiles, voire déplacées, par exemple la tentative suivante: " Octobre cette année est une féérie de couleurs qui met la joie au coeur; regardez donc ces feuilles qui tombent en tourbillonnant dans les allées du parc ... " Non, pas du tout. Le monde est en noir et blanc, c'est tout. Une personne dépressive a besoin de se lamenter, j'ai fini par le comprendre. Alors entrons plutôt dans sa sphère et compatissons; un geste peut aider.
Une autre piste encore ? Leur parler de Dieu peut-être..., mais peut-être n'ont-ils pas la foi justement. J'ai dans ce cas parfois tenté un mot sur l'éventuelle surprise, la " Bonne Nouvelle ", qui les attendrait de l'Autre Côté (cf. „ Si tu savais le don de Dieu...“ Jn 4, 10) Matière à méditer ?... ou même pas, suggestion sans suite..., je pouvais m'y attendre.
Ce que je remporte avec moi de ce genre de visite si souvent difficile à gérer, c'est pourtant, et même souvent curieusement, une petite chaleur au cœur et une envie de prier pour toutes ces personnes en souffrance, car me revient cette promesse: " Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d'eux " Mt 18, 20 . Et je crois bien que les lecteurs de ce message prieront à leur façon avec moi. Je les en remercie.
Chantal Kunz-Bagros
16 octobre 2017
1 commentaire:
Bravo et merci pour ce généreux texte.
Enregistrer un commentaire