9 septembre 2017

LES "TOUT-PETITS" DU ROYAUME






(...) En Galilée, où même ses miracles n'ont suscité aucune conversion, devant tant de coeurs fermés, que fait Jésus ? Il entre dans la louange ! Il reconnaît en effet qu'à côté de l'histoire visible, toute de dureté et de refus, une autre histoire se déploie, qui passe inaperçue et qui n'est pas moins réelle: celle des "tout-petits". Le mot grec ainsi traduit est népios, un terme désignant le bébé qui absorbe tout, reçoit tout pour vivre, pour apprendre, pour grandir. (...) Il sait qu'en dépit des apparences la volonté du Père s'accomplit "sur la terre comme au ciel" (Notre-Père - Mt 6, 913). Il témoigne que bien des tout-petits en communion avec lui reçoivent la vie du Père et vivent selon ce qu'Il veut. Les Évangiles sont remplis de ces tout-petits inconnus, obscurs, qui vivent pourtant aux normes du Royaume.
(...) Jésus exulte en contemplant cette harmonie qui unifie terre et ciel, cette correspondance entre les "très-bas" et le Très-Haut; entre les tout-petits (une femme païenne par exemple) et le Père dont ils perçoivent la volonté - une volonté qu'ils acceptent et mettent en oeuvre. Ces tout-petits sont mystérieusement unis à Jésus et Jésus nous enseigne de quelle façon: ils ont pris sur eux son joug, une invitation qu'il lance à tout un chacun. Cette pièce de harnachement qui a pour fonction de joindre deux animaux appelés à réaliser une même tâche en marchant au même pas. Qu'est-ce alors que ce joug qui ne nous pèse pas, qui nous allège même, en nous associant intimement au Christ ? Le Nouveau Testament lui donne un nom: l'Esprit ! L'Esprit nous conjoint au Christ et nous fait dire "Notre Père" avec lui. Trouver ainsi le déploiement de son être en Dieu fait échapper aux jeux du pouvoir, aux non-sens du monde, aux prestiges "des sages et des savants": c'est ce que la tradition biblique nomme "le repos".

Frère Philippe Lefebvre, dominicain, professeur à la faculté de théologie de Fribourg (Suisse)
Extrait de "Marcher joug contre joug"
Cahier La Vie 06/07/2017

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Chaque jour de la création est grand, admirable, mais nul ne peut se comparer au septième : alors ce n'est pas la création de l'un ou l'autre élément naturel qui est proposée à notre contemplation, mais le repos de Dieu lui-même et la perfection de toutes les créatures. Car nous lisons : « Le septième jour, Dieu acheva son œuvre qu'il avait faite, et il se reposa de toute l'œuvre qu'il avait créée » (Gn 2,2). Grand est ce jour, insondable ce repos, magnifique ce sabbat ! Ah, si tu pouvais comprendre ! Ce jour n'est pas tracé par la course du soleil visible, ne commence pas à son lever, ne finit pas à son couchant ; il n'a ni matin ni soir (cf. Gn 1,5). Écoutons celui qui nous invite au repos : « Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; alors vous trouverez le repos » (v. 29). Voilà le repos, la tranquillité, voilà le vrai sabbat. Car ce joug ne pèse pas, il unit. Ce joug, c'est la charité, c'est l'amour fraternel. C'est là où on trouve le repos ; là, on célèbre le sabbat.

Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167), moine cistercien
Une communauté de prière animée par le magazine Prier.

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