25 septembre 2017

DE LA MORT À LA VIE



Le violet? Couleur de vie !

Surprenante, l'attitude de beaucoup de nos contemporains: ils nous reprochent de parler du «péché», de culpabiliser etc. En même temps, ils ont l'indignation facile : ils sont déçus quand les tribunaux prononcent des peines trop légères à leur gré. Certains voient le mal partout : tous nos dirigeants ne sont-ils pas corrompus et ne complotent-ils pas en vue de notre asservissement? Trouvons d'autres mots pour dire ce que nous appelions «péché» mais, au-delà des jugements sommaires, constatons que l'on tue beaucoup dans le monde, que l'on exploite sans vergogne les plus faibles (les enfants par exemple), qu'on nous «bourre le crâne» à force de publicité, cette publicité qui prend les consommateurs potentiels pour des «cibles». On n'aime pas que les chrétiens nous parlent de péché parce que le mal est toujours chez les autres, mais surtout parce que nous ne parlons jamais de péché sans parler en même temps de pardon. Or le pardon, voilà bien l'impardonnable. «Faire payer» est l'un des dogmes intangibles de nos sociétés et voici que l'Évangile vient s'inscrire en faux contre cette forme moderne du Talion. La colère peut, souvent, être explicable. Jacques (1,20) nous dit que la colère de l'homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Or la justice de Dieu n'est autre que notre justification, qui ne va pas sans pardon, le pardon qui vient de Dieu et passe par nous.
(...) Le roi (Mt 18, 21-35 Le débiteur insolvable) va être «saisi de pitié» et la pitié, on le sait, n'est pas du domaine de la justice. Comme le maître des ouvriers de la dernière heure, il va «changer de régime» et passer de la Loi à l'amour. Le droit, qui exige équivalence, va être relayé par la gratuité, qui donne sans espoir de retour et ne tient pas compte de «mérites». Passe-droit ! (...)
Problème: nous avons un mal fou à sortir de l'aveuglement pour prendre conscience de l'énormité de la dette que Dieu nous remet. Il fallait que Dieu, dans le Christ, pardonne aux hommes qui le crucifient pour que nous apprenions que la dette que Dieu nous remet n'est pas une petite somme mais la dette de la vie, incommensurable.

Père Marcel Domergue, sj.


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