27 août 2017

QUAND PRIER DEVIENT ARIDE



" Je vous donne ma Paix "

«Normalement», si je puis dire, toute vie chrétienne, passe par des temps de crise ou de rupture. Dans ces moments obscurs où la prière devient trop aride, que faire ?
Première attitude : ne pas se décourager, (...) ne pas accorder foi à toutes ces paroles intérieures qui nous condamnent : «Tu vois bien que tu n'arrives pas à prier!» ou «Pas étonnant que tu t'ennuies, la prière c'est du vent. Comment as-tu pu y croire ?» ou encore «Tu es vraiment nul. Tu en doutais encore ?», etc. La meilleure riposte pour ne pas céder à ces accusations trompeuses consiste à se rappeler tous les bienfaits donnés par le Seigneur et déjà reçus. Attention : il ne s'agit pas de la méthode Coué ! Exercer sa mémoire pour revivifier les dons reçus est une attitude spirituelle au sens fort. Durant tout le livre du Deutéronome, Dieu ne cesse de dire à son peuple qu'il a libéré de l'esclavage : «Souviens-toi», «N'oublie pas.». Lors du dernier repas avec ses disciples, Jésus ne dira-t-il pas non plus : «Vous ferez cela en mémoire de moi» ?
Seconde riposte quand la prière n'a plus de goût : demeurer auprès du puits même si vous n'avez plus rien pour y puiser, rester proche de la Parole même si plus rien ne se fait entendre. En effet, quand tout va mal, le réflexe naturel est de partir, de tout laisser tomber. Or, une prière qui devient sèche ou aride n'est pas forcément une prière où Dieu n'est pas présent. Le désert est un lieu de rencontre plutôt favorable à Dieu alors qu'humainement le désert n'est pas vivable. Pour vous ancrer dans cette présence cachée de Dieu, méditez les textes d'auteurs mystiques. Ces femmes et ces hommes ont connu la nuit de la foi et pourtant ils sont restés assis au bord de la source vive qui leur semblait être tarie. (...) Retenons de cette nuit de la foi que la présence de Dieu ne se manifeste par forcément de manière sensible dans notre prière. Parfois nous pouvons nous sentir loin de Dieu, alors qu'en réalité il se rend tout proche de nous, mais d'une façon tellement nouvelle et déconcertante que nous ne la sentons pas encore.
Troisième riposte possible : reconnaître la manière dont Dieu ne cesse de se donner dans tout ce que la Bible nous raconte. Quelle est cette manière ? Elle est simple : Dieu se rend présent comme le jour, c'est-à-dire qu'il vient de nuit pour que, précisément, le jour puisse se lever. Cette réalité est inscrite dès les premières lignes du récit de la Création : «Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour» (Genèse 1, 5). Et le Christ s'est levé d'entre les morts «le premier jour de la semaine... alors qu'il faisait encore sombre» (Jean 20, 1).

Thierry Lamboley, jésuite.
Retrouver goût à la prière
croirelib’19/08/2017

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