14 août 2017

NUIT DE LA FOI, CLAIR-OBSCUR DE LA VIE





(...) Ce qui caractérise la mystique chrétienne, à la différence d’autres traditions spirituelles, c’est qu’elle est une mystique du désir, impliquant la chair, car le Christ s’est incarné, qui est aussi Ténèbres de l’incroyance et nuit de la foi.
Le fait de célébrer « la nuit » dans l’époque actuelle implique une part de défi. Les ténèbres évoquent les troubles liés au péché, cet aveuglement volontaire dont l’âme est responsable et s’en trouve tourmentée dans la nuit obscure des grandes mystiques. La « divine Ténèbre » en revanche est l’obscurité salutaire, le sceau du dépouillement permettant à Simone Weil de descendre en elle-même et de faire coïncider la joie et le malheur à travers une exploration bienfaisante de son âme. (...) Mais il y a aussi la nuit désolée entraînant l’âme dans un désert spirituel profond : on connaît le combat que mène Mère Teresa contre cette « absence de Dieu » et qui crie : « Mon cœur est tellement vide… la perte et le vide de la foi, de l’amour, de la confiance ». Et c’est par le Christ qu’elle accepte cette nuit de souffrance longue de 50 ans : « La situation physique de mes pauvres abandonnés dans les rues, indésirables, mal aimés, délaissés est l’image exacte de ma propre vie spirituelle, de mon amour pour Jésus, et cependant cette terrible douleur ne m’a jamais fait désirer qu’il en soit autrement ».  
Toutes les femmes mentionnées ici [dans ce livre] ont été saisies par les griffes de cette nuit infernale. Mais il y a aussi, mystérieusement mélangée dans cette obscurité, la nuit théophanique, qui ouvre sur l’expérience de la Présence donnée pour consoler la détresse et pour répondre à l’immense désir de l’Absolu.
(...) Les récits intimes de ces femmes révèlent en effet une grande spiritualité du quotidien, ainsi que l’humilité de leur cœur et de leur intelligence. Une Thérèse de Lisieux ou une Marie Noël sont des exemples de la plus grande simplicité, de la vie quotidienne la plus commune, combinée à l’audace spirituelle et à la confiance dans le Créateur.
Cet ouvrage rappelle à tout chrétien de vivre sa foi non pas en héraut présomptueux d’une vérité absolue mais plutôt en témoin du mystère de la vie et de la grâce sans se décourager du clair-obscur de la vie humaine.

P. François Marxer, professeur de théologie spirituelle au Centre Sèvres à Paris.
Au péril de la nuit : femmes mystiques du XXe siècle, Éditions du Cerf
Présentation aleteia.org 27/06/2017

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