9 août 2017

JUSTE ET MISÉRICORDIEUX






La justice de Dieu est souvent perçue comme une justice qui récompense ou punit, alors que le pape François ne cesse de rappeler combien la miséricorde de Dieu est infinie. Personne ne meurt sous le jugement de Dieu, ce qui meurt, c'est l'homme mauvais qui est en chacun. Et c'est donc à chaque être humain qu'est promise par Dieu la vie sauve, malgré notre violence. (...) Mais il persiste toujours en nous l'idée que nous devons recevoir selon nos mérites, aussi avons-nous du mal à considérer comme justes ces deux figures emblématiques du Nouveau Testament, le père prodigue et le maître généreux envers les ouvriers de la onzième heure. Car si Dieu pardonne tout, pourquoi faire le bien ? Et comment concilier l'idée d'un amour sans condition avec un minimum de justice en ce monde et dans l'autre ?  (...) La justice de Dieu n'est pas une récompense ou une sanction, c'est un don que Dieu fait à sa création. (...) Il nous faut donc abolir l'idée d'une justice comptable: Dieu est juste non parce qu'il juge, mais parce qu'il justifie, fait grâce, sauve ! 
Comment comprendre alors ces images du jugement dernier, du tri opéré entre les bons et les méchants, entre le bon grain et l'ivraie, entre les boucs et les brebis admises dans le Royaume (Mt 25) ? Nous sommes tous à la fois dans le camp des justes et dans celui des pécheurs. Même un grand "salaud" a pu avoir par moments des éclairs de bonté, et même le plus grand saint a pu omettre de donner de l'eau à celui qui avait soif... La brebis et le bouc sont intimement mêlés en chacun de nous. Et nous retrouvons ici la réalité de la justice de Dieu qui ne sépare pas les bons des méchants, mais sépare en chacun de nous le bon du mauvais ! 
Pour autant, la justice de Dieu serait-elle une machine automatique? (...) Nous voyons dans les évangiles Jésus se pencher vers la femme adultère et la relever. Mais il lui dit aussi: " Va et ne pèche plus. " Nous voilà prévenus: nous avons un travail à faire pour que la justice justifiante de Dieu puisse agir. Nous avons à nous ajuster à son projet pour nous, qui est celui de l'amour, de l'alliance. C'est un travail qui demande du temps, et qui ne sera probablement jamais terminé. Mais n'attendons pas d'être morts pour nous mettre au travail, car notre ajustement à Dieu a déjà commencé ! Encore faut-il que nous agissions par amour, et non par devoir ou par peur !
Selon saint Paul, la grâce surabonde là où le péché abonde. Et si Jésus, au grand scandale de ses contemporains, se penche sur les lépreux, tend la main aux femmes adultères et aux Samaritains, ce n'est pas parce qu'il aime plus les pécheurs que les justes, mais c'est parce qu'ils ont davantage besoin de lui. (...) Cependant, nous avons encore et toujours bien du mal avec cette drôle de justice qui est celle de Dieu.  

Evelyne Montigny, journaliste
Extrait de "Un Dieu juste ou miséricordieux?"
Cahier croire n° 308  "Aimer - L'arme de la paix"

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