11 juin 2017

LES TROIS PERSONNES


PÈRE - FILS - ESPRIT

(...) Nous avons raison de croire au Dieu unique, mais nous resterions en chemin si nous ne cherchions pas ce que signifie cette unicité, si nous ne comprenions pas qu'elle n'est pas solitude mais «société», qu'elle est sans cesse union en train de se faire. C'est ce que nous voulons signifier quand nous disons que Dieu est en lui-même Vie, ou qu'il est Amour. Le monothéisme monolithique de certaines religions est, de ce point de vue, en deçà de l'accomplissement de la «révélation», une sorte de régression. Il reste qu'en disant « Trinité », nous restons devant le mystère de Dieu et que nous n'avons jamais fini de l'explorer. Chaque fois que nous croyons comprendre, nous finissons toujours par nous dire : «Non, ce n'est pas encore tout à fait cela.»
A vrai dire, l’Écriture ne parle jamais de Trinité à propos de Dieu. Elle ne dit jamais : ils sont trois, ou : il est trois. Mais nos textes nous parlent du Père, du Fils, de l'Esprit pour exprimer l'invasion salutaire de notre humanité par Dieu. Sans compter les « personnes ». (...)
Nous disons : trois personnes. Il est clair que le mot «personne» n'a pas ici son sens habituel. Saint Augustin écrit que nous disons « personnes » pour avoir quelque chose à répondre quand on nous demande : «Ils sont trois quoi ?» Nous pouvons sans doute aller plus loin : le Père, le Fils et l'Esprit sont des «je», des sujets de liberté. Il faut ajouter aussitôt que ces trois libertés veulent la même chose, et d'abord que l'autre existe. De toute façon, il y a une certaine témérité à vouloir déduire ce qu'il y a en Dieu à partir de ce qu'il est et de ce qu'il fait pour nous.Nous pouvons dire cependant qu'il est amour ; qui dit amour dit forcément plusieurs. Saint Thomas dit que ces Personnes sont des «relations subsistantes», non pas des êtres isolés qui, dans un second temps, établiraient des liens, mais des êtres dont la substance même est la relation. Rien dans le Père, le Fils, l'Esprit qui ne soit relation. Rien en deçà, rien au-delà. À bien y réfléchir, nous, qui sommes images, n'existons que par et dans la relation, cette connivence de tous les autres êtres qui tissent ce que nous sommes. Les appellations Père, Fils, Esprit, qui ne sont pas à prendre dans leur sens habituel, veulent signifier cela. Il reste vrai que tout ce qu'est Dieu nous est donné dans le Christ. Mais nous n'avons jamais fini de le déchiffrer, de comprendre ce que nous dit le Verbe. Pourtant, c'est dans notre relation intime avec lui que la Trinité nous accueille et que nous entrons dans l'échange de l'amour, qui est Dieu.

P. Marcel Domergue, sj (1922-2015 )
Extrait d'homélie sur la Trinité 







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