2 mai 2017

FONDAMENTAUX DE LA CEF *




« L’Église rappelle son rôle et redit ses fondamentaux », ce document s’abstient de donner une consigne de vote explicite mais se montre très clair dans les critères de discernement proposés.
1 – Le débat démocratique. La CEF appelle à l’entretien d’un débat démocratique de qualité, respectueux, soucieux d’éviter les caricatures, les petites phrases et les postures personnelles. Le « fait religieux » doit y avoir une place, rappelle le document.
2 – Le respect de la personne. Plus qu’un individu ou un agent économique, l’être humain est avant tout une personne, rappellent les évêques. En tant que telle, sa dignité doit être protégée en toutes circonstances. Les plus vulnérables doivent être l’objet d’une attention particulière, du début de la vie à la fin naturelle.
3 – L’impératif éducatif. Le document de la CEF porte une attention toute particulière à la famille et à l’école qui doivent être associées par un « pacte éducatif ». Les responsables politiques sont appelés à prendre des mesures favorables aux familles et à préserver les liens de filiation naturelle.
4 – La solidarité en actes. Développement logique du deuxième point dans le champ social, la solidarité effective avec les plus fragiles est répétée. Les pauvres, les chômeurs, les personnes handicapées, doivent être les objets d’une sollicitude attentive que ne permettrait pas le « libéralisme sans contrôle ».
5 – L’accueil des migrants. Il est du devoir de la France d’accueillir l’étranger, et de ne pas cantonner la solidarité au cadre strictement national. Le pays doit accepter de recevoir « quelques dizaines de milliers de victimes », quand d’autres pays en accueillent « des millions ».
6 – Le projet européen. La Conférence des évêques exprime son attachement à la construction européenne mais encourage une véritable adhésion des peuples, adhésion qui passe par la préservation des racines culturelles et historiques des nations et l’exercice du principe de subsidiarité.
7 – La préservation de l’environnement. L’écologie est le septième et dernier point d’attention souligné par la CEF. Dans la perspective ouverte par l’encyclique Laudato Si’, ce sont les modes de consommation qui doivent être l’objet de mesures prioritaires afin de parvenir à un modèle qui ne détruise pas la planète.
C’est à l’aune de ces sept critères que les citoyens français sont appelés par les évêques à évaluer les programmes et les déclarations d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à l’approche du second tour de l’élection présidentielle. Mais aussi en vue des élections législatives des 11 et 18 juin, et des élections sénatoriales du 24 septembre.

Guide de discernement pour le second tour de l'élection présidentielle.
* Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF)
aleteia.org 26/04/2017

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La tentation de faire table rase d’un “système” dépassé et de reconstruire les institutions à neuf fait bien des émules. Pour Jean Soubrier * le constat est clair : « Les mouvements politiques mêmes les plus extrêmes seront rattrapés par les réalités de la vie élective et s’apercevront que le compromis est nécessaire ». L’heure est à la lucidité. Sans compromis, aucun candidat ne remporterait le suffrage de tous les catholiques puisque pas un seul d’entre eux n’applique à la lettre la Doctrine sociale de l’Église. Mais le devoir citoyen de tout chrétien qui se respecte demeure : aller déposer un bulletin dans l’urne afin de rendre à César ce qui lui revient.
Les grands débats sociétaux et politiques qui mobilisent les catholiques depuis cinq ans ne doivent pas occulter les enjeux sociaux. Des enjeux fondamentaux bien que moins visibles et qu’il serait bon de ne pas oublier car ils sont consubstantiel à la foi catholique. Une grande part des catholiques considèrent qu’il faut être dans la posture guerrière pour gagner. (...)  N’oublions pas toutes les initiatives qui sont menées au profit des plus défavorisés. (...) Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien. Le chrétien n’est ni un pacifiste ni un va-t-en-guerre. Le chrétien est un traversant et pas un résistant. C’est d’autant plus vrai qu’il est totalement libre. Moïse, le guide et libérateur d’Israël n’a pas envahi l’Égypte ni ne s’est arrêté face aux éléments déchaînés : il les a traversés. De même, l'Église traversera les périodes les plus tumultueuses de l’Histoire et se maintiendra. »

  • Jean Soubrier, Professeur des Universités chez Université lumière Lyon 2
Mark Esnault, essayiste 01/05/2017
Élection présidentielle : “Le chrétien n’est ni un pacifiste ni un va-t-en-guerre. Le chrétien est un traversant” (extrait)

aleteia.org

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Frédéric Ozanam (1813-1853) fut professeur de littérature étrangère à la Sorbonne et essayiste. Il fonda la Société Saint-Vincent-de-Paul pour prendre soin des plus pauvres. Pour lui, c’étaient les pauvres qui permettaient de faire l’expérience tactile de Thomas [l'Incrédule]. Chacun peut en effet avoir le même doute que le disciple. Pour Ozanam, le service des pauvres donne la certitude offerte à Thomas.
« Il semble qu’il faille voir pour aimer et nous ne voyons Dieu que des yeux de la foi et notre foi est si faible ! Mais les hommes, mais les pauvres, nous les voyons des yeux de la chair, ils sont là et nous pouvons mettre le doigt et la main dans leurs plaies et les traces de la couronne d’épines sont visibles sur leur front. Et ici l’incrédulité n’a plus de place possible et nous devrions tomber à leurs pieds et leur dire avec l’apôtre : vous êtes nos maîtres et nous serons vos serviteurs. »

Cité par Gérard Cholvy, Frédéric Ozanam 
prixm.org 30/04/2017



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