25 mai 2017

ASCENSION: OÙ SONT LES CIEUX ?






La résurrection de Jésus est bondissement dans la vie de Dieu, passage à l'invisible. C'est pourquoi les récits d'apparition n'ont qu'un but: montrer qu'il est vivant, mais de telle sorte qu'on ne le reconnaît pas au premier abord. Il est «ailleurs». Vraiment ailleurs? Matthieu lui fait dire : «Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles.» Mais ce Dieu-avec-nous n'est plus perceptible avec les yeux, seulement par la foi. C'est cela que signifie l'Ascension, qu'il faut bien se garder de concevoir comme un déplacement spatial: Jésus ne s'évade pas dans les galaxies. Il est plutôt passé de l'autre côté du voile, ce voile que seul peut percer le regard de la foi. Épreuve pour la foi que ce nouveau corps que l'Esprit va lui donner et que nous appelons Église. D'une certaine façon, l'Église est ce voile qui cache et révèle à la fois. Le mouvement vertical du Christ se double d'un déplacement «horizontal», celui des disciples à la surface du globe. Ascension et envoi sont toujours liés, c'est frappant dans nos textes?: «Vous serez mes témoins […] jusqu'aux extrémités de la terre.» «Partez donc, de toutes les nations faites des disciples.» En Éphésiens 4,9-13, Paul relie étroitement la descente du Christ «au plus bas» et sa remontée «au plus haut», non seulement à l'évangélisation, mais encore au fonctionnement du «corps du Christ» pour «l’œuvre du ministère». Nous sommes, tous ensemble, le corps-signe de la présence du Christ au monde.
Les disciples doivent un jour rejoindre le Christ dans la maison du Père (Jean 14,1-3). D'autres textes nous parlent du mouvement inverse. Le Temple a toujours été considéré comme la demeure de Dieu. Or, en Jean 14,23, nous lisons que le Père et le Fils viendront faire leur demeure en ceux qui garderont la parole du Christ. Déplacement de l'homme vers Dieu, déplacement de Dieu vers l'homme. De même, au chapitre 2 de la première lettre de Pierre, nous sommes assimilés aux pierres vivantes qui forment le Temple où Dieu habite. Notre corps, dit Paul, est temple de l'Esprit (1 Corinthiens 6,19). Il y a donc dans l'Écriture toute une ligne qui voit dans notre humanité la vraie demeure de Dieu. Il est certes inaccessible, et c'est un des sens du «Notre Père, qui es aux cieux», mais il est là, dans sa création. En nous. En fin de compte, les cieux où monte le Christ, c'est nous, nous en communion. Et c'est aussi «le Père», car nous sommes en Dieu et Dieu est en nous (Jean 17,22-23).
Père Marcel Domergue, jésuite
"Ici et ailleurs"
croire.com 

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"Où va-t-il ?" Voilà bien la question que se sont sans doute posée les disciples devant cette scène incroyable racontée deux fois par saint Luc. "Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut emporté au ciel". Et l'évangéliste d'ajouter : "Ils retournèrent à Jérusalem remplis de joie". Sans doute avaient-ils dû recevoir la réponse à leur question. Jésus certes est parti, envolé dans les nuées, disparaissant de leurs yeux ébahis, mais la joie qui succède à la stupéfaction indique bien qu'ils ont compris qu'il était parti "quelque part" et pas "n'importe où". Dérobé à leurs regards et donc aux nôtres, Jésus reste présent, mystérieusement, certes, mais éternellement. Et cette joie qui saisit les disciples est aussi la nôtre quand un évènement heureux advient, et dans lequel on peut reconnaître un signe, discret mais efficace, de sa Providence.

Sophie de Villeneuve,

croire.com 25/05/2017

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