3 avril 2017

LA MALADIE, LIEU DE RÉVÉLATION





Personnellement, je pense que le mal est nécessaire dans le sens où le bien et le mal existent l'un par rapport à l'autre. Il n'y a pas de jour sans nuit, de bien­-être sans douleur... ni de bien sans mal. Quand on est chrétien, on est dans cette tension. C'est même cette mise en tension qui nous permet d'avancer. Pour que la responsabilité de l'homme puisse s'exprimer, il faut qu'il puisse dire non au bien ou au mal. Le mal, pour moi, c'est la perte de la liberté, c'est ne plus avoir la possibilité de l'exercer. Ainsi, face à la maladie, je ferais une distinction entre le « malade », qui est dépossédé de la maîtrise du temps et en quelque sorte de sa liberté d'action, et le « patient » qui, lui, a intégré sa maladie dans son histoire. Le malade reste enfermé dans son « pourquoi  moi ? », tandis que le patient en est au «pour quoi faire?» A partir du moment où l'on peut répondre à  cette dernière  question, le mal peut être retourné, pour devenir un bien. La maladie est alors un lieu de révélation. Souvent ce retournement s'effectue au terme d'un long parcours fait de crises, de violences, de souffrances. Mais je séparerais la pathologie somatique de la maladie psychique, qui abîme la personne dans son essentiel. Celle-ci ne peut plus utiliser ses capacités de raisonnement, de discernement, son affect, ni même son émotion, pour faire face à une situation. La maladie psychique porte atteinte à la liberté de la personne, et donc ne peut pas se retourner en bien.
Par ailleurs, lorsqu'on travaille aux Urgences, on ne peut pas ignorer la montée des incivilités et des conduites addictives. Elles sont de plus en plus fréquentes dans toutes les classes d'âge et dans tous les milieux sociaux. C'est un terrible mal, propre à notre société, qui fait perdre aux personnes leurs facultés de discernement et de maîtrise.

« Le mal peut être retourné »
Témoignage de Bertrand Galichon, médecin urgentiste.
Extrait des Cahiers croire n° 291, janvier 2014.

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La mort insidieuse, j’en ai plus peur que de la maladie ou de l’injustice qui se laissent repérer si on y regarde bien. La piqûre qui empoisonne la vie, l’âme, les relations, peut ne pas être sentie sur le coup. Sans bruit, elle m’affaiblit, désorganise mes relations, paralyse ma vie. J’en meurs ! Vers qui regarder ? Vers le corps du Christ en croix, éclairé par la lumière de Pâques.

Extrait de la méditation par Frère Maxime Allard, dominicain canadien
"La piqûre de la mort"
careme.retraitedanslaville.org 04/04/2017

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