21 mars 2017

LA PORTE DU CIEL AU DÉSERT


Basilique romane de Vézelay

À chaque serrure sa clé. À chaque porte sa serrure qui ne s'ouvre qu'avec la clé qui lui appartient. La mort a fermé la porte et le péché l'a verrouillée. La croix est la clé qui libère la serrure du péché et le verrou de la mort; la croix ouvre la porte du ciel et il n'y en a pas d'autre.
La porte du ciel se trouve là où se rencontrent le ciel et la terre, au sommet du calvaire. La porte est connue, palpable et visible; chacun a des yeux pour la voir. Quelques-uns pensent qu'elle n'a pas de serrure et s'ouvre si on l'enfonce; mais quand on s'en approche, on comprend qu'elle a une serrure qui ne s'ouvre qu'avec sa clé. Nous ne pouvons connaître la bonne clé que si on l'introduit dans la serrure. (...)
Toute votre vie est un voyage en direction de cette porte. Portez la croix du Christ avec joie, ardeur et courage. Ne pleurez pas, ne vous lamentez pas chaque fois que vous échouez. Les pleurs et les lamentations ne font pas l'histoire du salut, de même que la porte du ciel ne s'ouvre pas en se frappant la poitrine et en poussant des cris de lamentation. Ce sont les larmes de conversion qui font l'histoire du salut. Une seule larme suffit pour ouvrir la porte du ciel, la larme du repentir. (...) Il faut vaincre votre faiblesse et non pas en faire un prétexte pour vous laisser aller. Si vous portez la croix du Christ, nulle souffrance ne peut vous plier, nulle fatigue ne peut vous abattre; vous marcherez fermement, avec patience et silence. Une fois arrivés devant la porte, vous sentirez que la joie de votre passage dépasse de beaucoup votre souffrance et votre fatigue durant la marche. Le bonheur de votre arrivée au but dépassera infiniment la douleur de votre cheminement.

Saint Charbel (1828-1898), moine maronite au Liban
seraphim 31/12/2016

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Il est âpre ce désert, mordant. Il amplifie le moindre bruit, le déforme, le résonne. Il prend à la gorge. Il est vide qui aspire l'air qui soudain semble manquer. Mais il n'est pas vide, loin de là. Il déborde - voilà bien le mot (...). Il déborde de moi. Me met face à moi-même comme devant un miroir déformant. Le juge est sans pitié, car le juge est moi-même. Il accule au désespoir, à la mort, comme à des murs qui cernent. Comment peux-tu m'aimer, Seigneur?
La voilà bien là, pourtant, la porte de sortie, la seule issue à ce désert qui enferme. "Je suis la porte," dit le Christ. Dieu. Parler à Dieu. Comment peux-tu m'aimer? Vois ma misère. Mais poser la question est déjà y répondre. Comment peux-tu? Car je sais bien que, malgré tout, tu m'aimes. Non, pas "malgré tout". Tu m'aimes. Sans condition. Je n'en suis pas digne. C'est toi qui m'en rends digne. C'est ton amour qui m'a donné vie. Ton amour qui à chaque seconde me la donne. Toi qui me sauves.
"Bénis le Seigneur, ô mon âme
[...] il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d'amour et de tendresse." (Ps 102).
Le désert conduit à Dieu. Le désert ouvre les yeux. Brise les miroirs de chimères pour voir le réel - en Dieu. 
Emmanuel, "Dieu avec nous". Jésus, "Dieu sauve". Dieu aime. C'est la même chose.
Bénis le Seigneur, ô mon âme.

Par Audrey le 05/03/2017 
Commentaire sur "Jésus tenté au désert" Mt 4,  1
careme.marchedanslaville.org


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