1 février 2017

ESPÉRANCE OU SIMPLE OPTIMISME ?


By Maria de Faykod

L'espérance chrétienne est une vertu qui nous dispose à mettre notre confiance dans les promesses de Jésus et particulièrement la plus grande: l'accès à la béatitude éternelle. De plus, la vertu d'espérance donne la certitude que la grâce de Dieu ne manquera jamais pour cheminer vers cette fin. Elle permet aux croyants de s'engager dans la vie avec détermination, lucidité et allégresse au milieu même des épreuves de l'existence. L'optimisme, de son côté, est une disposition psychologique, subjective et stimulante pour agir.
Kant * affirmait alors que " le genre humain a toujours été en progrès vers le mieux et continuera donc à l'être ". L'optimisme fut donc alors l'expression de la foi dans ce progrès inéluctable (...) Dans cette religion du progrès qui domine notre culture actuelle, " le pessimisme est le péché de tous les péchés, car douter de l'optimisme du progrès, de l'utopie, constitue une attaque frontale contre l'esprit des temps modernes, une contestation de son credo fondamental ", écrivait le cardinal Ratzinger. 
L'optimisme est donc le corollaire de l'illusion d'un " avenir radieux ", immanquable résultat des progrès techno-scientifiques et de l'accumulation des richesses économiques. L'optimisme comme acte de foi de la religion du progrès néglige la réalité des faits: il ignore la dimension éthique et l'ambivalence de ce progrès. Bernanos disait que " le pessimiste et l'optimiste s'accordent à ne pas voir les choses telles qu'elles sont ".
Le chrétien peut avoir une psychologie plutôt verre à moitié plein ou verre à moitié vide, mais lorsqu'il regarde le monde, il doit le voir dans sa juste réalité, de la manière la plus objective possible. Il regarde ce monde avec ses actes de charité, ses réalisations positives, ses progrès techniques bénéfiques. Mais il le voit aussi avec ses douloureux échecs, ses injustices qui " crient vengeance au Ciel ", ses violences. En le considérant tel qu'il est en réalité,il sait cependant - avec une certitude invincible qui lui vient de la vertu d'espérance - que le Christ a racheté ce monde, que la victoire sur le Mal est définitivement acquise et que l'amour aura le dernier mot.
(...) La vertu d'espérance n'a rien à voir avec cet optimisme aveugle et béat qui se voile les yeux devant le Mal et s'imagine que tout ira fatalement de mieux en mieux; elle consiste plutôt à ne jamais se décourager, ni perdre pied, quelles que soient l'épaisseur du Mal et la gravité du péril. 

P. Nicolas Buttet, fondateur de la fraternité Eucharistein
Extraits du billet " Quelle différence y a-t-il entre espérance et optimisme ? "
famillechretienne.fr n°2036

* Emmanuel Kant  (1724-1804), philosophe allemand, fondateur du criticisme

Aucun commentaire: