Il est de bon ton d'affirmer que les religions sont facteur de violence et de divisions, comme si toutes faisaient partie d'un même fait religieux. (...)
Il y a en l'homme un désir infini, une ouverture au mystère qui constitue son identité la plus profonde. Ainsi, l'homme construit des tombes et grave le nom de ses morts sur des stèles, non seulement comme des signes de la mémoire, mais comme des sentinelles de l'espérance, car il pressent qu'il est fait pour entrer dans le mystère éternel. Mais beaucoup d'enfants ne sont pas éduqués au mystère. On leur donne des choses, mais pas le sens des choses.
"Dans mon éducation, écrit le théologien orthodoxe Olivier Clément, il n'y avait pas d'ouverture au mystère." Combien d'autres enfants pourraient dire la même parole! Pourtant, l'enfant a les yeux grand ouverts. Il pressent qu'il existe un monde invisible, "un Dieu plus intérieur à nous-mêmes que nous-mêmes " selon une belle expression de saint Augustin.
Devenu adolescent, Olivier Clément entreprend d'affronter, de tout son être, la question de Dieu, à tout prix, conscient qu'il n'est pas de recherche plus décisive pour l'avenir de l'homme, quitte à se perdre dans les sables mouvants de sa quête. "J'avais le coeur glacé, écrit-il dans ses "Dialogues". J'ai passé une journée à marcher le long de la mer, puis je suis monté dans le car qui devait me ramener en ville. J'avais résolu de me tuer. Pourquoi laisser encore le néant m'envahir comme une torture? Qu'il me prenne tout de suite, tout entier. Alors j'ai senti qu'on me regardait. C'était une petite fille de quatre ou cinq ans. Ses yeux étaient pleins d'amitié. Elle a souri, et j'ai compris que la lumière d'un regard, l'océan intérieur des yeux était plus vaste que le néant, qu'il y avait une promesse, et qu'il fallait vivre."
P. Luc de Bellescize, aumônier d'Even et vicaire à Saint-Germain-des-Prés, à Paris
Extrait del'article "La tristesse d'une vie sans Dieu"
famillechretienne.fr, 10-16/09/2016
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