11 avril 2016

L'ESPRIT CRÉATEUR, LE DIEU DES SANS DIEU





(...) Si c’est la foi en la Résurrection qui caractérise le chrétien, force est de constater que bon nombre de chrétiens sont d’abord sensibles à Noël. Il y a une raison très simple : nous arrivons à mettre des images sur Noël, le Fils de Dieu qui naît dans notre chair. Une naissance, un berceau de fortune, le sourire d’une mère et d’un père sur un enfant. Mais sur la résurrection, nous n’arrivons pas à avoir de représentation. Cela nous échappe. Nos représentations s’arrêtent à la mort de l’homme, mais après, ce n’est pas une expérience que nous connaissons sur cette terre.
Alors, grand paradoxe, certaines personnes se reconnaissent chrétiennes mais parlent de la résurrection comme une réalité qui leur est étrangère, ou alors, ils n’en parlent pas. Vertige, pudeur, incrédulité ? Une semaine après Pâques, la liturgie catholique nous présente le disciple Thomas (Jean 20, 19-31). C’est d’abord quelqu’un de déçu : Il aimait Jésus, il comptait sur lui pour que le monde change et, bien sûr, pour que sa propre vie change. Mais son ami est mort atrocement sur une croix. C’est fini. Or Thomas, c’est ensuite quelqu’un qui entend ses camarades, les autres disciples, dire qu’ils ont vu leur ami et leur maître, Jésus, après sa mort. C’est un peu rude pour lui. Cela remue le couteau dans la plaie de sa déception, si je puis dire ! Enfin Thomas, c’est  un homme dans le deuil qui n’arrive pas à avoir une représentation de cette résurrection dont parlent les autres autour de lui. Il veut voir ! Et Jésus se montrera. Il montrera à Thomas qu’il y a une unité entre ce corps humain qui a souffert et cette incompréhensible vie après la mort.
C’est étonnant. Le jour de Pâques, nous disions notre joie et notre foi en la résurrection du Christ et la nôtre à venir, sans être capables de dire ce que nous serons dans la résurrection que Dieu nous promet. Nous savons que nous serons libérés de la mort et du péché. Et une semaine plus tard, c’est au tour de ceux qui ont du mal avec la résurrection de s’approcher, de venir, et de voir Jésus reconnaître la difficulté que nous pouvons avoir à croire en cette victoire de la vie sur la mort. Victoire dès à présent, même quand tout va si mal. Victoire au-delà de la mort, qui ne correspond à rien de nos représentations biologiques. Dimanche après Pâques, c’est la résurrection pour ceux qui ont du mal.
Je me réjouis de voir que la miséricorde, c’est bien Dieu qui porte attention à tous, et même à ceux qui ont du mal à croire en la résurrection. Avec compréhension, il nous relève de notre incrédulité. Si vous êtes de ceux qui ont du mal à croire, dites au Christ votre difficulté. Et le Christ vous dira sûrement, comme à Thomas : « Cesse d’avoir du mal à croire, sois croyant ». Parce que ça change la vie, d’avoir confiance. Et vous vous rendrez compte que vous êtes déjà un peu transformé lorsque vous lui répondrez : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Fr.Philippe Jaillot, dominicain, producteur du Jour du Seigneur
Extraits du billet du 31/03/2016: " Misericorde-aussi-pour-les-incredules "

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Tu es Dieu en nous, Dieu reconnu, Dieu aimé, savouré.
Et ceux-là même qui ignorent jusqu’au nom de Dieu,
tu es en eux Dieu enfoui, semé, inconnu,
agissant au plus profond de leur coeur, 
sanctuaire où luit la fragile lumière de leur conscience. 
Dieu anonyme, Dieu incognito, tu es le Dieu des sans Dieu.
Pour nous, tu es Dieu au jour le jour.
Enthousiasme des convertis,
tendresse des époux,
courage des martyrs,
audace prophétique des évêques,
force de ceux que la tentation déboussole,
fidélité de ceux qui persévèrent quand tout vacille.
Sans toi, la Bible ne serait qu’une encyclopédie,
les Évangiles des mémoires d’outre-tombe,
Jésus un héros à recopier,
l’eucharistie un banquet d’anciens combattants
et l’Église une multinationale humanitaire.
Mais par toi, grâce à toi, Dieu nous y abreuve de sa vie.
Présence en nous du Dieu Très-Haut,
désarmante vulnérabilité du Tout-Puissant,
douce étreinte du Tout-Aimant :
viens en nous, Esprit Créateur !
Nous avons tant besoin de toi pour que Dieu ne soit pas loin !

P. Jean-Noël Bezançon, 1936-2014, théologien
Extrait de "Prière au Saint-Esprit"
prier.be

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