Ce qui est très étonnant dans la personnalité de Joseph c’est son silence. Un silence retentissant. L’Evangile, en effet, ne retient aucune parole qui aurait pu jaillir de ses lèvres. (...)
Joseph se disposera en creux pour recueillir dans son silence, les appels mystérieux de Dieu. Le silence sera la patrie de son obéissance, de son adhésion plénière aux desseins du Seigneur. Le silence l’éduquera à la docilité aux imprévus, car la contingence est le domaine de l’Esprit-Saint. Dieu parle par des portes qui s’ouvrent, mais souvent aussi, par des portes qui se ferment, en déjouant nos attentes et nos pronostics. Mais en vérité, Joseph parle. Il parle non pas par des mots, mais des gestes. Le silence est l’écrin de son action, et son mutisme fait encore mieux ressortir la dignité et la profondeur des actes qu’il pose. Joseph se sanctifie au quotidien par le quotidien, par le service concret et attentif de Marie et de l’enfant Jésus. Il engage et mobilise toutes ses énergies dans cette tâche : son corps, par son travail, ses sentiments, dans l’affection qu’il porte aux siens, son intelligence pour agir prudemment, sa prière fervente...
(...) Cette communion est union des cœurs, et des esprits, consentement mutuel à l’œuvre de Dieu qui s’accomplit en l’autre. Et au cœur de cette union, règne le silence respectueux du secret d’autrui. Car il y a des profondeurs où l’âme rencontre si intimement le Seigneur, qu’elle n’admet aucune autre présence. Laisser le cœur de l’autre à Dieu pour que Dieu y engendre son appel, accepter de ne pas pleinement comprendre l’itinéraire intérieur de celui qui se trouve à ses côtés, consentir à son chemin particulier sans le juger… dessinent, au cœur de ce silence, les contours de la liberté à laquelle leur amour les conduit.
Mais le silence de Joseph porte aussi des stigmates. Celle des combats et des arrachements auxquels sa foi a dû consentir. Croire, c’est être capable de porter ses doutes. Il faut toujours distinguer le fait de douter « de » Dieu et le fait de douter « en » Dieu, c’est-à-dire éprouver à la pointe de la foi, la déception de la non évidence, éprouver que Dieu n’est jamais autant Dieu que lorsqu’il me manque, suscitant au-dedans de soi le désir de le chercher encore, à tâtons, dans la nuit.
Le silence de Joseph protège Jésus du monde. Il est le garant de sa vie cachée. En Joseph, « le Seigneur a trouvé un homme à qui confier le secret le plus sacré de son cœur » (St Bernard). Jésus demeure à l’ombre du silence de Joseph. Il s’y recueille. Il s’y repose, comme plus tard, note St Luc, « il se retirera dans les endroits déserts pour prier ». Car en tout homme se trouve une part de solitude qu’aucune intimité humaine ne peut remplir. Et c’est là que le Père nous visite, « ce Père qui voit dans le secret ». (...)
Le silence est la patrie de Joseph. Le silence enveloppe sa prière qui se fait contemplation chaste et amoureuse de Marie, en qui Dieu fait ses délices, et dont la beauté intérieure et immaculée l’invite, jour après jour, à devenir digne d’elle. Sa prière se fait adoration pour s’émerveiller à Bethléem, avec les bergers et les mages, de l’avènement du Messie Sauveur dans la vulnérabilité d’un bébé qui babille ; pour s’étonner à Jérusalem, auprès des docteurs de la Loi, de la sagesse de l’enfant adolescent qui est déjà « aux affaires de son Père ».
C’est à partir du silence que Joseph cherche Dieu, qu’il le trouve en Jésus, qu’il se réjouit de la présence sous son toit, du Fils de Dieu devenu son enfant.
« Pour apprendre Dieu, disait Jean de la Croix, l’esprit doit plutôt renoncer à ses lumières, que de chercher à s’en servir ». Ce jeûne de paroles que Joseph s’impose, est pour nous une leçon de vie. Le silence a tellement de choses à nous dire, dans notre monde bavard et bruyant. « Si le mot que tu vas prononcer n’est pas plus beau que le silence que tu vas quitter, alors tais-toi », conseille un proverbe touareg. Le silence est plus qu’une abstinence de paroles, c’est une densité de présence, une plénitude d’amour qui rassasie l’âme. Le silence est l’habitude de Dieu, la langue de l’Esprit Saint. Sur les traces de Joseph, c’est là que le Seigneur nous fixe rendez-vous.
Homélie de Monseigneur Rey pour le Pèlerinage des Pères de Familles. 19/03/2011 (extraits)
aleteia.org
*****
Quand vous sentez monter la peur, tournez-vous [aussi!] vers saint Joseph, ce simple charpentier d’un petit village paumé de Palestine. Il ne vous laissera pas tomber. C’est que lui-même a dû passer par toutes les couleurs de l’angoisse dès qu’une jeune fille de Galilée est entrée dans sa vie : cette fiancée est enceinte mais pas de lui, et un ange lui apparaît dans les moments difficiles pour lui demander des trucs dingues : épouser la jeune fille, fuir à l’étranger pour éviter que leur fils soit tué par ce grand malade d’Hérode. Ça commence à faire beaucoup, d’autant qu’il a déjà emmené Marie enceinte, au creux de l’hiver qui plus est, dans un pays occupé par une armée étrangère, tout ça pour terminer dans une étable.
À sa place, je n’en aurais pas mené large. Lui non plus certainement, mais nous n’en savons rien. La seule chose que nous savons, c’est qu’il a fait confiance. Confiance à Dieu, en sa volonté, sa providence, ses chemins même quand ceux-là lui ont paru étranges. Confiance aussi en Marie, on ne le dit pas assez. Joseph, c’est l’homme de la Bible qui incarne le mieux le Psaume 26 : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » Voilà une perspective qui change tout, non ?
Extrait du billet d’humeur 16/03/2015 par Emmanuel Bourceret
"Saint Joseph, refuge de ceux qui ont peur de l’avenir et des temps troublés"
famillechretienne.fr
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Quand vous sentez monter la peur, tournez-vous [aussi!] vers saint Joseph, ce simple charpentier d’un petit village paumé de Palestine. Il ne vous laissera pas tomber. C’est que lui-même a dû passer par toutes les couleurs de l’angoisse dès qu’une jeune fille de Galilée est entrée dans sa vie : cette fiancée est enceinte mais pas de lui, et un ange lui apparaît dans les moments difficiles pour lui demander des trucs dingues : épouser la jeune fille, fuir à l’étranger pour éviter que leur fils soit tué par ce grand malade d’Hérode. Ça commence à faire beaucoup, d’autant qu’il a déjà emmené Marie enceinte, au creux de l’hiver qui plus est, dans un pays occupé par une armée étrangère, tout ça pour terminer dans une étable.
À sa place, je n’en aurais pas mené large. Lui non plus certainement, mais nous n’en savons rien. La seule chose que nous savons, c’est qu’il a fait confiance. Confiance à Dieu, en sa volonté, sa providence, ses chemins même quand ceux-là lui ont paru étranges. Confiance aussi en Marie, on ne le dit pas assez. Joseph, c’est l’homme de la Bible qui incarne le mieux le Psaume 26 : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » Voilà une perspective qui change tout, non ?
Extrait du billet d’humeur 16/03/2015 par Emmanuel Bourceret
"Saint Joseph, refuge de ceux qui ont peur de l’avenir et des temps troublés"
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