Dans le silence et l'espérance se trouvera votre force
Luther n’a pas inventé l’idée de réforme. Au Moyen Âge, la vie de l’Église est traversée par des mouvements de réforme, et au XVe siècle, après la terrible crise du Grand Schisme, de nombreux responsables ecclésiastiques ressentent l’urgent besoin d’une réforme. (...)
Le dialogue œcuménique encourage les catholiques à chercher et à valoriser les éléments positifs présents dans les traditions chrétiennes autres que la leur. Certes, il ne fait pas de doute que pour bien des catholiques, le nom de Luther demeure associé à la rupture probablement la plus grave de l’unité chrétienne. Néanmoins, cet héritage douloureux ne doit pas empêcher l’effort de compréhension et de bienveillance, au nom même de l’Évangile du Christ et de l’exigence de réconciliation.
Au cœur de l’expérience et de l’enseignement de Luther se trouve la doctrine de la justification par la foi. L’expression est technique et peut sembler abstraite, mais elle exprime une vérité spirituelle capitale que l’on peut reformuler ainsi : être chrétien, c’est se savoir aimé sans condition par Dieu, venu à la rencontre de l’homme en Jésus-Christ ; rien, ni nos péchés ni la mort, ne pourra nous séparer de cet amour gratuit et immérité ; et sans cet amour, nous ne pouvons rien faire. Même si cette vérité n’est pas la propriété exclusive du luthéranisme, il faut reconnaître qu’il revient à Luther d’avoir rappelé cela avec une énergie incomparable – au prix, certes, de nombreux excès verbaux et doctrinaux qui ont engendré une séparation profondément nuisible à la crédibilité de l’Évangile jusqu’à nos jours. L’histoire peut nous aider à comprendre de manière apaisée les motifs de cette rupture bientôt cinq fois centenaire ; elle doit aussi nous aider à réfléchir sur la pertinence de cette séparation aujourd’hui et sur les moyens d’y remédier, alors même que le dialogue œcuménique, s’il a permis aux catholiques et aux luthériens de se rapprocher significativement sur certaines questions, ne les a pas empêchés de diverger de manière très sensible sur d’autres problèmes.
(...) Certes, dans le luthéranisme actuel, tout ne vient pas de Luther. Il n’empêche qu’après bientôt un demi-millénaire de division, il convient de se demander ce qui fonde à la fois notre séparation et notre communion, dans un monde qui, aujourd’hui comme il y a cinq cents ans, a un besoin urgent d’entendre l’Évangile du salut par la foi en Jésus-Christ. Pour cela, le retour à Luther, témoin de la foi, est indispensable, même si les réponses que catholiques et protestants apportent à cette question en scrutant la vie et l’œuvre du réformateur ont toutes les chances d’être différentes.
P. David Gilbert, agrégé d’histoire, docteur en théologie (Institut catholique de Paris) et en histoire moderne et contemporaine (Paris IV Sorbonne).
Extraits de "Faut-il réhabiliter Luther?"
aleteia.org 09/02/2016
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L’Inquisition était chargée de la santé spirituelle des chrétiens. L’Église s’est repentie du consentement donné à des méthodes de violence au service de la vérité, mais replace ces faits – déformés dans l’opinion – dans leur contexte historique.
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L’Inquisition a autorisé un usage encadré de la force. Elle n’a jamais eu le pouvoir de condamner à mort, mais elle livrait au bras séculier pour l’application de la sentence. L’Inquisition espagnole a fait dix mille victimes en six siècles : c’est trop, mais c’est peu au regard des cinquante mille sorcières brûlées dans le monde protestant au début du XVIIe siècle. Ailleurs, la peine de mort est restée un châtiment parmi d’autres, qui devient exceptionnel dès la fin du XIIIe siècle.
Il reste que les chiffres ne changent rien au fond : un seul tué au nom du Christ est déjà un scandale. L’Église a demandé « pardon pour le consentement donné à des méthodes d’intolérance et même de violence » (saint Jean Paul II). Quelle autre institution assume ainsi 2000 ans d’histoire en vérité ?
Il reste que les chiffres ne changent rien au fond : un seul tué au nom du Christ est déjà un scandale. L’Église a demandé « pardon pour le consentement donné à des méthodes d’intolérance et même de violence » (saint Jean Paul II). Quelle autre institution assume ainsi 2000 ans d’histoire en vérité ?
Jean-Pierre Dedieu,
" L’Inquisition : perversion de la mission de l’Église ? " (extraits) 02/02/2016
aleteia.org
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Le pape François s’est engagé dans un « œcuménisme de la charité, de la fraternité et de l’amitié ». Cet infléchissement a été formalisé dans son encyclique La joie de l’Évangile (2013) lorsqu’il écrit : « Si nous nous concentrons sur les convictions qui nous unissent et rappelons le principe de la hiérarchie des vérités, nous pourrons marcher résolument vers des expressions communes de l’annonce, du service et du témoignage. » Pour ce pape, la fraternité est plus importante que les différences doctrinales.
Le Pape François et les 500 ans de la Réforme 10/02/2016 (extrait)
reforme.net
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