Un garçon nous est né, nous le regardons grandir plein de promesses. Vers ses 3 ans, l’horizon s’obscurcit. Une maladie génétique va le priver de ses pas, de ses mots, de sa vie. Je reçois cette nouvelle avec mes entrailles, une déchirure totale. À l’époque, Dieu n’était pas un soutien. J’avais perdu la foi le jour de ma première communion. On m’avait dit que recevoir Jésus était une explosion d’amour… et rien !
Ainsi, ne comptant que sur moi-même, je me confectionne un beau blindage : enfouir mes larmes, cacher ma tristesse, m’interdire d’exprimer ma douleur. J’avais l’impression d’être un roc. Il faut à tout prix rendre la vie joyeuse autour de lui. Il ne me reste plus qu’à l’aimer. Je couvre donc de caresses les cris de mon fils qui souffre. Et peu à peu, un humus se dépose au fond de moi.
Peu avant ses 17 ans, il nous quitta. Quelques jours après, entraînée par mon mari, je partais en Israël. Pas pour prier, mais pour y faire les souks ! C’était sans compter une parole qui résonna en moi : Dieu ne se capte pas par l’intelligence mais par le cœur. Je lâchai prise. Les larmes commencèrent à couler. Mon blindage se fissura, la terre sainte se creusa en moi, le cœur sortit de sa gangue. S’alluma un désir de Dieu, la recherche d’un signe de sa présence.
À Jérusalem, lors du chemin de croix, j’étais Marie, qui ressentait au cœur de ses entrailles chacun des coups reçus par son fils. Jésus portait-il là les souffrances du monde, celles de mon enfant ? Retour difficile, je n’arrivais plus à endiguer mes larmes, cette envie de Dieu me vrillait le ventre et je n’avais pour arme que le Notre Père et cette supplique Dieu, fais-moi un signe.
Un soir, me tournant vers Dieu, le suppliant de se présenter à moi, une boule de feu s’est mise à tourner, à chauffer en moi et à m’irradier d’un amour total. Un courant d’air du paradis ! J’étais transfigurée. C’était une évidence : Dieu existe, il est amour. J’étais le réceptacle de cet amour. Dieu était là, miséricordieux. Il s’était engouffré dans toutes mes failles et avait fait son lit de cet humus déposé par mon fils.
Je viens d’apprendre qu’en hébreu, entrailles et miséricorde, c’est le même mot.
Merci mon Arthur !
"Une Terre sainte se creusa en moi"
Catherine, maman d'Arthur, bénévole dans l'équipe de Retraite dans la Ville
Méditation du 21/02/2016
retraitedanslaville.org
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Que d'émotion à vous écouter, Catherine. Merci de nous faire ainsi partager votre parcours, votre résurrection. Dieu, vivant dans toutes nos morts, pour nous ramener à la vie et faire de nous des témoins de sa Vie. Une faim de Dieu qui nous prend aux tripes, qui tire, qui pousse, jusqu'à ce que nos murs se lézardent et libèrent sa force, sa lumière qui est en nous. C'est bien là que Dieu est à chercher, au plus profond de nous, au plus douloureux de nous, au plus vrai de nous.
Prières pour tous les internautes. Que nous soyons tous transfigurés.
Commentaire d' Audrey le 21/02/2016
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Quel beau témoignage de cette maman désabusée...Merci d'être à l'écoute de son coeur, des autres...c'est le message de notre cher Pape François aux Jeunes du Mexique...Prenons la main que Dieu nous tend et ne nous en éloignons jamais...., au fond de nous il y a une petite voix (la conscience) qui nous parle, essayons de la suivre du mieux que nous pouvons...Merci Seigneur pour les gens qui tombent et se relèvent comme Toi à ta Passion douloureuse mais la Croix a vaincu la mort, tu es Ressuscité et vivant à jamais. En union de prières avec vous pendant ce merveilleux Temps du Carême où nous pouvons revenir à Dieu de tout notre coeur surtout en cette Année de grâce de la Miséricorde.
Commentaire de Momo le 21/02/2016
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