15 juillet 2015

EN VACANCES COMME EN PÈLERINAGE





À propos des vacances, justement, (...) peut-être aujourd’hui, en ces temps où de moins en moins de gens peuvent partir, en ces heures pourtant du voyage pour tous, nos grandes vacances et leurs grands départs ont-ils  quelque chose du pèlerinage.
Du pèlerinage, il y a le même souffle, le même sentiment de l’oubli du quotidien pour un ailleurs de respiration et de repos de l’âme et du corps. Cette sorte de communion qui emporte les vacanciers dans le même sentiment d’aboutissement et de plaisir. Dans les lieux de vacances, comme sur les chemins de pèlerinage, les idées circulent plus qu’elles ne se heurtent. On retrouve une sorte de liberté spirituelle, bien singulière par ailleurs, – mais dans les retrouvailles avec son enfance, la nature, le farniente, qui éprouverait le désir d’en découdre ? En temps de vacances, on a le temps de se rappeler quelques vérités essentielles, non parce qu’on réfléchit, mais parce qu’elles s’imposent à vous : ainsi, le fait que les idées ne sont pas faites pour lutter, mais pour réfléchir…
En vacances, comme en pèlerinage, pour peu qu’on parte comme autrefois, à petit pas, par la route, vers les rivages, les étrangers qu’on rencontre sont des amis potentiels. On ressent pour eux une sorte d’exaltation, un rêve d’harmonie pacifique. (...)
En vacances, comme en pèlerinage, l’âme et le coeur s’égarent. Non qu’ils perdent leurs chemins et alors leur raison, mais ils se soumettent à une rupture des liens et des chaînes, pour mieux voir et pour mieux entendre. Ils prennent leur congé avec le quotidien. Alors, la distance entre la lumière du dehors et l’âme et le coeur n’a plus rien d’infranchissable.
(...) Nous nous prenons même à rêver d’authentiques pèlerinages, sur ces chemins qui ne connaissent de la mondialisation que l’échange et le partage, et de la communion que la foi.
Pèlerinage et vacances : il y a une force du dehors à quoi, en ces moments, nous acceptons de nous livrer. Pourquoi ne pas lui laisser notre porte ouverte toute l’année ? (...)

Christiane Rancé, essayiste
blog.pollen.croire.com


Aucun commentaire: