J’aime bien dire aux jeunes : « Ne vous laissez pas voler l’espérance ». (...) Il y en a qui peuvent penser que l’espérance, c’est d’avoir une vie confortable, une vie tranquille, atteindre quelque chose… C’est une espérance contrôlée, une espérance qui peut bien aller dans un laboratoire. Mais si tu es dans la vie, et si tu travailles dans la vie, avec tous ses problèmes, avec tout le scepticisme que t’offre la vie, avec tous ses échecs. (...) Mais je veux un monde meilleur et je suis fragile et je ne vois pas comment cela peut se faire. Je veux « me mêler », par exemple, au travail de la politique, ou de la médecine… Mais parfois, j’y trouve la corruption, et le travail qui devrait servir consiste finalement à faire des affaires. Je veux « me mêler » dans l’Église, et là aussi, le diable sème la corruption. (..,) Même dans l’Église, il y a de la corruption. Il y a toujours quelque chose qui déçoit l’espérance. Mais la véritable espérance est un don de Dieu, c’est un cadeau, et elle ne déçoit jamais.
Mais comment fait-on, comment fait-on pour comprendre que Dieu ne nous abandonne pas, que Dieu est avec nous, qu’il est en chemin avec nous ? (...) Oui. Mais cela ne se voit pas toujours. Seulement, une chose dont je suis sûr - j’en suis sûr, mais je ne le sens pas toujours, mais j’en suis sûr - : Dieu chemine avec son peuple. Dieu n’abandonne jamais son peuple. Il est le pasteur de son peuple. Mais quand je fais un péché, quand je fais une erreur, quand je fais quelque chose d’injuste, quand je vois tout cela, je demande : « Seigneur, où es-tu ? Où es-tu ? ». Tant d’innocents meurent aujourd’hui : où es-tu, Seigneur ? Est-il possible de faire quelque chose ? L’espérance est une des vertus les plus difficiles à comprendre. Quelque grand [écrivain] – je pense que c’est Péguy – disait que c’est la plus humble des vertus, l’espérance, parce que c’est la vertu des humbles. Mais il faut s’abaisser beaucoup pour que le Seigneur nous la donne. C’est lui qui nous soutient. Mais dites-moi : quelle espérance peut avoir, du point de vue naturel, pensons à un hôpital, une sœur qui, depuis quarante ans, travaille dans le service des maladies en phase terminale, et tous les jours un, et un autre, un autre, un autre… Oui, je crois en Dieu, mais l’amour que donne toujours cette femme s’épuise, s’épuise, s’épuise… et à un certain point, cette femme peut dire à Dieu : « Mais c’est cela, le monde que tu as fait ? Peut-on espérer quelque chose de toi ? ». La tentation, quand nous sommes dans les difficultés, quand nous voyons les brutalités qui se succèdent dans le monde, c'est que l’espérance semble tomber. Mais elle reste dans le cœur humble. C’est difficile de comprendre cela parce que la question est très profonde. Comment ne pas abandonner le combat pour mener la belle vie, comme cela, sans espérance, c’est plus facile… Le service est le travail des humbles. (...) Jésus est venu pour servir, pas pour être servi. Et l’espérance est la vertu des humbles. Je crois que cela peut être la route. Humilité et service : ces deux choses gardent la petite espérance, la vertu la plus humble, mais celle qui donne la vie.
Extrait de l'exhortation du pape François 07/05/2015
"Humilité et service, pour ne pas déserter devant les difficultés"
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