14 mai 2015

L'ASCENSION - NOUVELLE PRÉSENCE DU CHRIST






L'image de Jésus s'élevant au-dessus des nuages est évidemment la transposition cosmique d'un événement spirituel insaisissable par nos sens corporels. Que veut-on nous dire ? Que Jésus domine désormais sur toute chose, qu'en lui et par lui l'humanité prend le pouvoir sur tout ce qui lui est contraire. Être mis au-dessus, avoir le dessus, dominer la situation... On n'en finirait pas d'énumérer les expressions populaires qui utilisent l'image spatiale pour signifier le pouvoir. Le pouvoir ? Le mot a mauvaise presse car il évoque l'arbitraire et l'oblitération de la liberté «d'inférieurs» voués à l'obéissance. L'ascension du Christ signifie au contraire une libération. Éphésiens 4,8, citant le Psaume 48, dit (selon l'ancienne traduction latine) : «Montant dans les hauteurs, il a emmené captive notre captivité.» Pour mieux comprendre, souvenons-nous que les Hébreux voyaient notre univers peuplé de puissances, de principautés, de dominations. Ces termes désignent ce qu'Éphésiens nomme «souverainetés de ce monde des ténèbres, esprits répandus dans les airs». Il s'agit tantôt des servitudes imposées par les lois de la nature figurées par les astres, tantôt des pouvoirs politiques ou sociaux, à l'oeuvre dans l'humanité. Et, pour finir, «le dernier ennemi, la mort» (1 Corinthiens 15,26). Le Christ «met tout cela sous ses pieds» (verset 24).
Dans notre langage, ces «puissances répandues dans les airs» s'appellent volonté de puissance, soif de dominer, idolâtrie de l'argent, recherche de l'admiration d'autrui, etc. Tout cela se retrouve, sous une autre forme, dans les tentations du Christ telles que les présentent Matthieu et Luc au début de leur évangile. En face de ce vertige d'occuper la première place, Dieu, dans le Christ, est venu prendre la dernière. Ce faisant, il a tué en lui-même toute volonté de puissance ; il ne s'est pas laissé manipuler par nos démons du pouvoir. À la Croix, la Résurrection et l'Ascension sont déjà présentes puisque le Christ prend le pas sur tout ce qui nous détruit. Refusant de se défendre et de mettre à genoux ceux qui veulent sa mort, il tue en lui-même la haine, la violence et même l'exigence de justice. Déjà, il «s'élève au-dessus». Répétons que c'est l'humanité qui, en lui, remporte cette victoire. Dès lors nous pouvons nous demander comment il se fait que nous soyons encore soumis à toutes ces «puissances» qui empoisonnent nos sociétés. «Là où je vais, disait Jésus, vous ne pouvez pas me suivre maintenant, vous me suivrez plus tard» (Jean 18,36). C'est qu'il reste encore aux disciples d'alors et aux disciples que nous sommes d'accepter en leur liberté de prendre le chemin que Jésus a pris. Le «plus tard» dont parle Jésus recouvre toute notre histoire personnelle et l'histoire universelle.
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Extraits du commentaire sur l'Ascension du Père Marcel Domergue, jésuite 
croire.com mai 2015

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Il est remarquable que les «récits» de l'Ascension s'accompagnent toujours, dans nos évangiles, de l'envoi des disciples par le monde pour y annoncer la Bonne Nouvelle (Marc, 16,19-20 ; Luc 24,46-53 ; Actes 1,6-11). Au déplacement vertical du Christ «montant au ciel», répond le déplacement horizontal des disciples à la surface de la terre. De plus, l'instantané de l'Ascension se déploie dans la durée de notre histoire. La localisation inscrite dans les évangiles (Béthanie pour Luc, la Galilée pour Matthieu, Jérusalem pour les Actes) va désormais se dilater et s'étendre à toute la terre. C'est le monde entier, humanité au sommet, qui est en travail d'ascension. Le déplacement vertical du Christ signifie que désormais il échappe à nos prises. Pourtant, l'évangile selon Matthieu se termine par «Voici que moi je vais être avec vous toujours jusqu'à la fin du monde». La présence du Christ va donc changer de nature ; maintenant elle habite la foi des disciples et se fait active à travers leur travail d'évangélisation. Le «Je vais être avec vous» de Matthieu se réalise dans ce témoignage qu'ils sont chargés de porter depuis Jérusalem jusqu'aux extrémités de la terre. À cet effet, ils recevront l'Esprit et seront donc «inspirés» par Dieu lui-même.

P. Jacques Nieuviarts, assomptionniste
Prions en Église, éditorial de mai 2015
(sauf erreur)

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