Parfois nous ne l’espérons pas, cette Résurrection. Nous ne l’espérons plus. Parfois, des chrétiens se rendent compte qu’en fait, ils ont sorti la Résurrection de leur langage, de leur prière, de leur espérance et simplement de leur vie. Ils se disent chrétiens, mais sans la Résurrection. Je me dis alors que c’est insensé ! Puis je me reprends pour essayer de comprendre.
Car c’est un fait qu’une sorte de flou a pu s’installer sur la foi des chrétiens, et peut s’installer sur ma propre foi. Pourquoi ? Parce que j’ai usé mes yeux à d’autres désirs que Dieu lui-même. Je dis que je suis chrétien, mais cela fait longtemps que je ne parle plus de Dieu comme de ma préférence. D’ailleurs, voilà que je ne parle plus du tout de Dieu ! Ou alors une sorte de flou a pu s’installer parce que la souffrance m’a pris à la gorge et m’empêche tout regard heureux autour de moi. Elle m’aveugle trop. Il faut du temps pour revoir les formes douces de la vie, de la présence de Dieu et de l’amitié humaine, quand un voile de ténèbres lancinantes a opprimé mon corps et mon cœur. Une sorte de flou a pu s’installer aussi dans mon esprit quand je n’ai pas assez reçu pour former en moi le sens de Dieu et le sens moral. Faute d’avoir eu la transmission du contenu de la foi et le témoignage de chrétiens ou de gens en recherche de vérité et d’absolu, mon jugement sur moi-même et sur le monde s’est assombri, aigri et asséché.
Pour chacun de nous, la foi est toujours en devenir et en croissance et c’est un espoir de sortie de crise, en quelque sorte, qui fait que nous prions les uns pour les autres. (...) La passion du Christ et toutes les passions des hommes, leurs souffrances, rendent flous nos regards sur l’espérance et sur l’avenir. Mais la résurrection du Christ redonne de la netteté à nos vies, en suscitant en nous la prière. Et c’est parce qu’il y a la résurrection du Christ que nous reconnaissons que la prière a un sens et que la joie veut surgir à tout moment en notre vie.
Même si les images sont floues, prier ensemble est un grand réconfort et une joie. Ou peut-être : parce que les images sont floues, prier ensemble est un grand réconfort et une joie.
Fr. Philippe Jaillot o.p.
lejourduseigneur.com
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(...) La Grotte de Lourdes évoque aussi le caveau de la Résurrection : « La neige et l’éclair ne brillent plus sur un sommet mais au centre symbolique de la terre... tout est inondé de lumière. La terre des morts devient terre des vivants. » (Olivier Clément, théologien orthodoxe)
La Grotte est une « face nord », comme disent les montagnards en désignant une zone qui ne voit jamais le soleil. C’est la Vierge qui l’a illuminée de sa présence, de son sourire, de sa beauté. Le symbole est parlant. C’est cet endroit obscur que la présence divine a choisi d’éclairer, sans doute pour nous inviter à ne jamais désespérer de la miséricorde. Au fond de notre cœur il y a probablement aussi une « face nord » qui refroidit nos vies pour des raisons dont nous ne sommes peut-être même pas conscients... Nous pourrions, dans les semaines à venir, laisser la lumière de Dieu visiter cette part d’ombre de notre histoire. Les sacrements de l’Eglise sont là pour nous aider à progresser vers cette « évangélisation des profondeurs » où l’abondance de l’amour se révèle plus féconde que toutes les « valeurs » du monde.
François Vayne
abecedaire G comme grotte
fr.lourdes-france.org
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