De mon enfance à la campagne, je me souviens des grands marronniers. Il y en avait près de la maison. Il s’agit de ceux que l’on appelle les « marronniers d’Inde », aux grandes feuilles palmées composées de plusieurs « feuilles » allongées (« plusieurs folioles », pour être précis). Et je me souviens que c’est au mois de septembre que leurs marrons arrivent à maturité, ces fruits non comestibles, très durs avec une peau reluisante. Or c’est justement au moment où tombent les fruits qu’on remarque le plus l’arbre !
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Ainsi, pour moi, les marrons accompagnent la rentrée. Je repensais aux marronniers de mon enfance. C’est un arbre au tronc robuste. Il supporte les grands froids et a une assez longue durée de vie. Ses feuilles semblent fragiles, car si l’été est trop sec, elles « brûlent » sur l’arbre et ne participent donc pas forcément au magnifique déploiement des couleurs ocres et rouges qui nous achemine vers l’automne.
Force intérieure, fragilité en surface : tels me sont apparus quelques jeunes amis avec qui j’ai parlé en cette fin d’été. Du coup, je les associe volontiers à ces arbres que sont les marronniers. L’un vient de passer par une grave maladie : il reprend le chemin des études. Un autre a fait les frais, par le passé, d’un milieu éducatif dans un environnement religieux où il s’est senti manipulé, et entre fragilité et fermeté, il reprend confiance en lui. Un troisième, sorti d’une adolescence marquée par addiction et délinquance, est aujourd’hui plein de force et de projets, après une conversion radicale.
Je me suis émerveillé. Je voyais dans leur détermination et j’entendais dans leurs propos qu’ils savaient à présent s’appuyer sur quelque chose de solide en eux. Ils ont su découvrir qu’ils sont dépositaires d’une force de vie, même s’ils savent que c’est en combat avec les assauts possibles de la maladie, du doute, de l’abandon ou de la déprime. Pour les trois, la foi au Christ joue un grand rôle ; une foi virile où l’on avance de toute son humanité main dans la main avec le Dieu vivant. (...)
Et si vous rêviez d’être comme un marronnier ? Ou plus exactement, si nous déployions ce qui nous rapproche de ces beaux arbres qui accompagnent la rentrée ? Résistants même s’ils sont fragiles en surface. Mieux que notre faiblesse, la force de Dieu, pourrait dire l’apôtre Saint Paul.
Frère Philippe Jaillot, dominicain
Blog du Jour du Seigneur
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