5 juillet 2014

LE MYSTÉRIEUX FRUIT DÉFENDU




"Pommes", détail, by Paul Cézanne, 1878


Les fruits, c’est bon pour la santé. On ne cesse de nous le rappeler, et l’obligation de manger cinq fruits et légumes par jour est devenue un impératif moral des moins négociables. Pourtant, la Bible ne nous dit-elle pas que tout a commencé avec un fruit qu’il ne fallait pas manger ? Car si les fruits, c’est bon, certains sont du poison. 
Plus qu’un interdit, un commandement moral, l’injonction divine de ne pas toucher au mystérieux fruit défendu ne serait-elle pas une mise en garde ? Attention, dit-il à Adam, ce fruit est dangereux ; en manger te ferait du mal. Tu mourras, non pas parce que j’ai décidé de te punir, mais parce que tu as mangé quelque chose que tu es incapable de digérer.
Quelle est donc en ce cas la faute d’Adam et Eve ? Pas tellement d’avoir désobéi à un ordre de Dieu, mais d’avoir confondu l’interdit et l’impossible. Dieu disait : il est impossible de manger de ce fruit et de vivre. Ils ont compris : je t’interdis de manger de ce fruit et de continuer à vivre. Faisant de Dieu un tyran arbitraire, ils ne comprennent pas que ses commandements ne sont là que pour indiquer le chemin de la vie et du bonheur. Notre péché repose généralement, lui aussi, sur la même confusion : nous croyons qu’il est possible d’être heureux et menteur, en paix sans pardonner, libre sans aimer. Le fruit du péché laisse souvent un goût amer. Combien de fois devrons-nous encore nous intoxiquer, avant de lui préférer l’abondance des fruits de l’amour ?

Frère Adrien Candiard
couvent du Caire
la méditation

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