10 juillet 2014

L'ARBRE DE JESSÉ






Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il y a quelques années, une pèlerine fatiguée me confiait, après seulement quelques jours de marche : « Je suis un peu déçue. Je pensais vivre une grande aventure spirituelle, et j’ai surtout mal aux pieds. » Mais la vie spirituelle signifie-t-elle oublier que nous avons des pieds, un corps, une vie terrestre ? N’est-elle pas au contraire l’accueil de notre réalité, avec ses limites, de notre vie comme elle est, qui est le terrain sur lequel Dieu veut venir nous rencontrer. Si nous nous évadons dans le rêve d’une autre vie, plus sainte et pieuse sans doute, nous ne le rencontrerons jamais. Seule notre humanité l’intéresse.
C’est sans doute ce que nous rappelle le prophète Isaïe quand, pour annoncer la venue du Messie, ce sauveur qui devait venir, il le présente comme la branche d’une vieille souche, celle de de la famille du roi David. Le Messie ne vient-il pas d’en haut ? Jésus n’est-il pas l’envoyé de Dieu ? L’essentiel n’est-il pas son origine divine ? Certes, mais le salut ne tombe pas du ciel, comme parachuté. C’est dans le concret, dans le bois noueux de nos vies compliquées, avec leurs histoires, avec leurs malheurs et leurs joies, avec la glaise qui y colle, avec ses collègues insupportables, avec ce mari que je n’aime plus comme au premier jour, avec ce mal à pardonner, que Dieu veut prendre chair. Mais si ma vie spirituelle ne s’enracine pas dans le réel, comment m’élèverai-je jusqu’au ciel ?

Fr Adrien Candiard
couvent dominicain du Caire
Signe dans la Bible


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