24 juillet 2014

DANS LA PÉNOMBRE D'UNE ÉGLISE




Chapelle du Centre orthodoxe "Béthanie", France



Rappelons le passage du livre autobiographique d'Ivan Bounine, La vie d'Arseniev, dans lequel Bounine décrit ses années d'adolescence et comment, alors qu'il était encore écolier, il a assisté à des offices divins dans l'église paroissiale de l’Exaltation de la Croix du Seigneur. Il décrit le début de l’agrypnie, dans la pénombre de l'église, où il y a très peu de gens:
"Comme tout cela me touche! Je suis encore un enfant, un adolescent, mais cependant, je suis né doté du sens de tout cela, et au cours des dernières années, j'ai tant de fois traversé cette attente, ce silence tendu qui précède l’office, tant de fois entendu les exclamations et le «Amen» qui les suit et les noie, devinant sans faille à l'avance chaque parole de l’office, donne maintenant une double réponse à tout, intensifié par son attente.
(...)
Et Bounine écrit qu'il a pu visiter de nombreuses églises occidentales où il y avait des orgues, qu'il est allé dans les cathédrales gothiques, mais qu'il "n'a jamais pleuré dans les cathédrales comme [il l’a fait] dans la petite église de l'Exaltation de la Croix, en ces soirées sombres et solitaires."
Ce n’est pas seulement aux grands poètes et écrivains de pouvoir décrire les effets pleins de grâce qui sont liés à la visite d'une église. Tout le monde peut en faire l'expérience. Il est très important que notre âme soit ouverte à de tels sentiments, de sorte que, en entrant dans l'église, nous soyons prêts à recevoir la Grâce de Dieu dans la mesure où elle nous est donnée.
Si un état rempli de grâce ne vient pas à nous, et que nous ne sommes pas gagnés par la componction, nous ne devrions pas nous inquiéter. Cela signifie que notre âme n'est pas mûre pour la componction.
Mais les minutes de cette illumination sont un signe que notre prière n'est pas stérile. Elles témoignent du fait que Dieu répond à nos prières et que la grâce de Dieu touche nos cœurs.

Version française Claude Lopez-Ginisty, théologien orthodoxe
d'après PRAVMIR 

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La prière trouve sa source dans le silence et la paix intérieure ; c'est là que se manifeste la gloire de Dieu (cf Lc 9,29). Car, lorsque nous fermerons les yeux et les oreilles, que nous nous trouverons au-dedans en présence de Dieu, lorsque libérés de l'agitation du monde extérieur nous serons à l'intérieur de nous-mêmes, alors nous verrons clairement en nos âmes le Royaume de Dieu. Car le Royaume des cieux ou, si l'on préfère, le Royaume de Dieu, est en nous-mêmes : c'est Jésus notre Seigneur qui nous l'a dit (Lc 17,21).
[...]

Saint Jean de Damas (v. 675-749), moine, théologien, docteur de l'Église
Homélie sur la Transfiguration

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(...) Dieu, lui, aime ce silence au cœur duquel sa parole se donne avec plus de force, et c’est pourquoi les communautés religieuses, parfois même au cœur des villes, veillent à l’offrir à ceux qui viennent les visiter. Mais pour entendre l’Esprit qui parle, pour écouter la voix de l’ami ou les appels du voisin, pour comprendre le monde en profondeur et non en surface, il ne faut pas seulement se reposer sur les autres, il faut aussi compter sur soi, se détacher de son baladeur, de sa tablette, de ses activités, et de bien d’autres choses : nous devons plus que jamais nous créer des espaces et des moments de silence. Ils seront notre passage au désert.

Fr.Hervé Ponsot, dominicain 
couvent de Lille. 
Signe dans la Bible




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