23 juin 2014

LA CONDITION DU JUGEMENT FRATERNEL






Par l’exemple de la paille et de la poutre, le Christ veut nous dire que nous devons d’abord nous améliorer nous-mêmes, avant de chercher à améliorer les autres.
D’une part, notre amour-propre nous empêche d’avoir une vision objective de nos actes par rapport à ceux des autres. Comme le dit Rupert de Deutz, peut-être ce que tu vois, ou crois voir, dans l’œil de ton frère, n’est-il pas même une paille, mais l’ombre d’une paille ; et toi, tu vois mal et tu discernes mal, parce que tu ne vois pas la poutre de ton œil.
D’autre part, il ne s’agit pas d’avoir la fausse humilité de me purifier de mes petites fautes pour montrer l’exemple à mes voisins qui doivent se corriger d’énormes péchés. Non, il s’agit de la véritable humilité, qui consiste à être convaincu de cette vérité : je suis bien pire que les autres. Et c’est vrai. Si je vois les autres commettre les péchés les plus honteux, que sais-je de leurs intentions ou des circonstances de cette action ? Et qui me dit que je ne tomberai pas dans la même tentation un jour ? C’était la conviction de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : Je reconnais que sans lui, j’aurais pu tomber aussi bas que sainte Madeleine et la profonde parole de Notre-Seigneur à Simon retentit avec une grande douceur dans mon âme... Je le sais : « celui à qui on remet moins, aime moins » (Lc 7,40-47) mais je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à sainte Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber.
Une fois que j’aurai pris conscience de cette vérité, à savoir, que je suis bien pire que les autres, alors j’aurai la pureté d’intention nécessaire pour les aider à se corriger. Reprendre et enseigner l’ignorant est une des sept œuvres de miséricorde spirituelles. L’indifférence face à la misère morale des autres serait une omission. La réplique de Caïn (suis-je le gardien de mon frère ?) n’est pas digne d’un disciple du Christ. Le Christ nous conseille de corriger nos frères, mais sans arrières-pensées, comme lui-même corrige ses disciples, avec amour et en donnant sa vie pour eux.
Ce que l’Évangile exclut, c’est le jugement de condamnation. Nous ne devons pas corriger pour condamner, mais pour aider. Saint Augustin explique qu’on ne peut vouloir l’amendement de quelqu’un que l’on hait : « Jette loin de toi ta haine : et alors, cet homme que désormais tu aimes, tu pourras le corriger ». La condition du jugement fraternel, c’est l’amour.

catholique.org 
extrait de méditation quotidienne

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