2 mai 2014

LA SAINTETÉ DU TRAVAIL




 


(...) Peut-être est-il temps de nous amener à réfléchir à la sainteté du travail. Je veux dire, de réfléchir à notre capacité à sanctifier le travail, à en faire le lieu, lespace, la matière idéale pour exprimer notre amitié. Lamitié, cest-à-dire la forme la plus pure de lamour du prochain. La plus gratuite aussi : cet amour ne naît pas des liens puissants et naturels de la famille amour de la mère pour lenfant, des frères et soeurs pour les frères et soeurs, des enfants pour leurs parents. Il ne naît pas de l’élan amoureux irrépressible qui pousse deux êtres dans les bras lun de lautre,  se nourrit de la fusion des corps et du désir denfanter. Lamitié, (« Il ny a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »Jn 15, 13-14) cest loccasion dappliquer le commandement, le seul qui vaille, qui englobe toute la Loi : aimez vous les uns les autres.
Or, le prochain, où mieux le rencontrer, où mieux le pratiquer, le mettre en oeuvre, si ce nest dans le travail ? Au bureau, dans lentreprise, dans les champs, à latelier, sanctifier son travail et se faire saint par lui ? Et pour être saint, à limage de Dieu, exalter dans son travail les talents que Dieu nous a confiés. Le bon pain au boulanger. La bonne connexion à linformaticien. La bonne marchandise au commerçant. Le bel ouvrage à lartisan. La belle oeuvre à lartiste. Le bon cours au professeur. La belle moisson à lagriculteuret pour tous, une fructueuse transmission aux générations qui montent. Et alors, se rendre libres.
Il est bien dommage que cet élément de la vie quotidienne, qui régit le rapport des hommes entre eux, ne soit pas examiné et considéré par les sciences sociales à travers la lunette chrétienne. Il est bien dommage que les ministères et les syndicats en charge du règlement de cette activité nadoptent pas une théologie du travail.
(...)
Nous ne travaillons plus pour exalter nos talents personnels dans la rencontre et le partage. Nous travaillons pour « maximiser » nos profits ou ceux des entreprises qui nous emploient. Nous avons réduit les territoires de lamitié à peau de chagrin, et concédé ceux de la charité aux ONG.

Christiane Rancé, journaliste
Pollen
croire.com

Aucun commentaire: