(...) Peut-être est-il temps
de nous amener à
réfléchir à
la sainteté
du travail. Je veux dire, de réfléchir à
notre capacité à sanctifier le travail, à
en faire le lieu, l’espace, la matière idéale pour exprimer notre amitié. L’amitié, c’est-à-dire la forme la plus pure de l’amour du prochain. La
plus gratuite aussi : cet amour ne naît pas des liens
puissants et naturels de la famille – amour de la mère pour l’enfant, des frères et soeurs pour les frères et soeurs, des enfants pour leurs parents. Il ne naît pas de l’élan amoureux irrépressible qui pousse deux êtres dans les bras l’un de l’autre, se nourrit de la fusion
des corps et du désir d’enfanter. L’amitié, («
Il n’y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »Jn 15, 13-14) c’est l’occasion d’appliquer le commandement, le seul qui vaille, qui englobe toute la Loi
: aimez vous les uns les autres.
Or, le prochain, où mieux le rencontrer, où mieux le pratiquer, le mettre en oeuvre, si ce n’est dans le travail ? Au bureau, dans l’entreprise,
dans les champs, à
l’atelier, sanctifier son travail et se faire saint par lui ? Et pour être saint, à
l’image de Dieu, exalter dans son travail les talents que Dieu nous a
confiés. Le bon pain au boulanger. La bonne connexion à l’informaticien. La bonne marchandise au commerçant.
Le bel ouvrage à
l’artisan. La belle oeuvre à
l’artiste. Le bon cours au professeur. La belle moisson à l’agriculteur…
et pour tous, une fructueuse transmission aux générations qui montent. Et alors, se rendre libres.
Il est bien dommage que cet élément
de la vie quotidienne, qui régit le rapport des hommes entre eux, ne soit pas examiné et considéré
par les sciences sociales à travers
la lunette chrétienne. Il est bien dommage que les ministères
et les syndicats en charge du règlement de cette activité
n’adoptent pas une théologie du travail.
(...)
Nous ne travaillons plus pour exalter nos talents personnels dans la
rencontre et le partage. Nous travaillons pour « maximiser
» nos profits – ou ceux des entreprises qui nous emploient. Nous avons réduit les territoires de l’amitié
à peau de chagrin, et concédé ceux de la charité
aux ONG.
Christiane Rancé, journaliste
Pollen
croire.com
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