La famille est avant tout un constat qui s’impose à nous, «« il n’y a rien à expliquer, il ne s’agit même pas d’une thèse, mais d’une donnée absolument initiale, comme l’existence du monde extérieur. Or comment prouver que le monde extérieur existe ? Comment montrer à quelqu’un que le soleil éclaire ? (...) La famille n’est pas une conséquence mais une cause. Elle n’a donc aucun principe antérieur. Il s’agit d’une réalité qui s’est imposée dès l’origine.
L’erreur bien commune est de vouloir « fonder la famille parfaite sur l’amour, l’éducation et la liberté. » Or, « ce qu’on fonde, en vérité, ce n’est pas la perfection de la famille, mais l’excellence de l’orphelinat. Cela ne fait aucun doute : dans un excellent orphelinat, on aime les enfants, on les éduque, on respecte leur personne. » Mais les parents ne sont pas des éducateurs, « les parents sont les parents, et l’enfant est leur enfant ».
Fabrice Hadjadj distingue trois spécificités de la famille. La première est « l’amour sans préférence ». En effet, on ne choisi pas son enfant comme on ne choisit pas sa famille. « On le sent très bien lorsque le père est un lecteur de Tite-Live tandis que le fils se consacre aux jeux vidéo. Jamais ils n’auraient songé à se trouver dans le même salon. Jamais ils n’auraient formé ensemble un club.
La deuxième spécificité est « l’autorité sans compétence ». « La paternité vous tombe dessus, parce que le désir vous a tourné vers une femme. (...) Une réflexion sur Dieu le Père peut s’amorcer. « D’une part, le père y montre qu’il n’est pas le Père, avec une majuscule, qu’il est lui-même un fils, et donc qu’il doit avec son fils se tourner vers une autorité plus haute que la sienne. D’autre part, puisque son autorité ne vient pas d’une compétence, mais d’un don, le père ne peut pas faire de l’enfant sa créature, et essayer de le valoriser sur sa propre échelle de valeur : il doit l’accueillir comme un mystère. Et c’est cela l’autorité la plus profonde... »
La dernière spécificité est la « liberté sans maîtrise ». « Le fils ou la fille n’ont de père et de mère que pour les quitter, fonder une autre famille, épouser un parti. » Ces liens « ne sont pas contractuels. (…) On peut changer d’associé, mais on ne peut pas changer d’enfant. » La famille est « le lieu du don et de la réception incalculable d’une vie qui se déploie avec nous mais aussi malgré nous, et qui nous jette toujours plus avant dans le mystère d’exister. »
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Pour terminer sa démonstration, Fabrice Hadjadj précise qu'il ne faut pas oublier que la famille est aussi un lieu de résistance. Cela peut aider à comprendre les coups qui lui sont portés. « La volonté de puissance est toujours contrariée par la proximité familiale. Et c’est pourquoi le totalitarisme aussi bien que le libéralisme, l’emprise technologique aussi bien que le fondamentalisme religieux, commencent toujours par mettre la famille sous tutelle, avant d’essayer de la détruire. »
Fabrice Hadjadj, philosophe catholique
sources: Famille Chrétienne
aleteia.org 14/03/2014
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