On peut dire que oui, on peut se passer de Dieu
parce qu'il y a des non-croyants qui vivent bien. Je crois que la foi en Dieu
n'est pas un besoin, une nécessité pour
vivre. Si l'on ne croit pas, aucune sanction immédiate ne tombe !
[Les croyants] le comprennent comme un besoin : si
cela manquait, on ne pourrait plus vivre. Mais ce n'est pas à cela que Dieu nous invite. Dieu n'est pas un tyran qui nous obligerait à croire, sous peine de sanctions. Quand Dieu donne la vie, il la donne,
c'est un cadeau qui n'exige pas une rétribution en retour. Une
bonne manière de parler de Dieu, plutôt qu'en terme de besoin, s'exprime en terme de désir.
Dieu peut rencontrer le désir le plus profond de l'homme, un désir
d'accomplissement qui nous met dans une paix et dans une joie profondes.
Il est possible aussi que le désir profond soit comblé
par autre chose, ce qu'un croyant peut voir comme l’œuvre de Dieu. Je pense à
des personnes très engagées dans l'action fraternelle, dans l'humanitaire. De tels engagements,
où toute l'existence est mise en jeu,
ont une force équivalente à celle
du désir religieux.
Il y a sans
doute beaucoup de personnes qui sont mues par ce désir,
qui est un désir infini, jamais comblé, qui me travaille et fait partie de ce que je suis. Ce que je suis a
quelque chose à
voir avec ce désir là. Et l'on peut sans doute vivre avec ce désir
de différentes manières.
Ensuite, on peut aussi se demander ce que change le fait de le reconnaître comme un désir de Dieu.
Ce qui change, c'est que notre désir le plus profond, notre raison d'être,
est orienté
vers quelqu'un. Toute notre vie peut prendre l'allure
d'une réponse à quelqu'un.
Bien sûr, c'est une réponse à un
Dieu qu'on ne peut pas voir, qui nous échappe toujours. Mais ce
Dieu s'est justement manifesté
en quelqu'un, Jésus-Christ. Cette
relation n'est pas exclusive, elle ne nous empêche
pas de rencontrer toute autre personne comme un être
cher, avec laquelle on pourra vivre quelque chose qui n'est pas sans rapport
avec Dieu. Être aimé
par quelqu'un, si l'on est croyant, peut être une expérience qui parle de Dieu.
Je crois que
ce désir est présent dans le cœur de chaque homme. Les grands théologiens de la Tradition
disent qu'en tout homme se trouve le désir de Dieu. Saint
Augustin écrivait : «Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur
est sans repos tant qu'il ne repose en toi.» Et
pour saint Thomas d'Aquin, le désir de Dieu est constitutif de l'être humain.
Je crois que c'est un travail que de pouvoir
reconnaître ce désir qui nous travaille ! C'est une question d'attention. On peut très bien ne pas y faire attention. Pascal disait que l'on peut s'en
distraire avec mille activités qui nous empêchent de rencontrer cette question. Car c'est une question très heureuse, qui met dans la joie, mais qui a en même
temps un aspect redoutable, parce qu'il s'agit d'une rencontre avec quelqu'un.
Cela peut faire peur. Surtout quand on a en tête des images de Dieu qui font peur : un Dieu qui vient contrôler, punir. Ce ne sont pas vraiment des images christianisées de Dieu.
P. Etienne Grieu, jésuite,
professeur au Centre Sèvres
11/03/2014
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À suivre
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