2 janvier 2014

LA VIE ÉTERNELLE DÉJÀ DANS LE TEMPS







Chaque moment de notre vie n’est pas provisoire, mais définitif et chacune de nos actions est chargée d’éternité ; de fait, la réponse que nous donnons aujourd’hui à Dieu qui nous aime en Jésus-Christ, a une incidence sur notre avenir. La vision biblique et chrétienne du temps et de l’histoire n’est pas cyclique, mais linéaire : c’est un chemin qui va vers un accomplissement. Une année qui est passée ne nous conduit donc pas à une réalité qui finit, mais à une réalité qui s’accomplit, c’est un pas supplémentaire vers le but qui est devant nous : un but d’espérance et de bonheur, parce que nous rencontrerons Dieu, la raison de notre espérance et la source de notre allégresse.

zenit.org, homélie du Pape François 31/12/13

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L'identité de Dieu révéléà Noël c'est sa proximité des hommes. L'humanité avait pressenti depuis le début de son histoire que la vie de l'homme était promise à l'immortalité auprès de Dieu. La naissance de Jésus confirme cette espérance. Mais, alors que l'antiquité païenne laissait Dieu au ciel - on ne le rejoignait qu'après la mort -, ici, Dieu vient nous rejoindre et partager notre vie. Le lien de l'homme à Dieu est révélé dans le christianisme, mais retourné : Dieu descend vers l'homme, il vient habiter avec nous, il prend en charge la totalité de la création. Le ciel n'est pas une autre vie mais la vérité révélée de la vie humaine. Le projet de Dieu se réalise dans une activité continue, créatrice en même temps que salvatrice : il conduit l'humanité à sa perfection en l'arrachant à l'anéantissement qui menace tout être créé, et il lui communique déjà dans le temps sa vie éternelle.
(...)
Aujourd'hui, beaucoup voient en Jésus un gourou, un maître à penser.
Des chrétiens des premiers siècles, tel saint Justin, définissaient le christianisme comme une philosophie, «l'École du Logos», faisant de Jésus un maître à penser : celui qui nous apprend à vivre selon le projet de Dieu sur nous, et dont l'enseignement moral est supérieur à celui des sages grecs. Le nom de "Logos" qui lui a été donné signifiait qu'était incarnée en lui la Raison divine.
Cette vision est tout à fait respectable, à condition de ne pas omettre de lire les deux premiers chapitres de la première lettre aux Corinthiens où Paul oppose la sagesse de Dieu à celle du monde: Dieu révèle sa sagesse et sa puissance dans la folie et la faiblesse de la Croix. Jésus devient alors à la fois le philosophe et l'anti-philosophe. Car il déconcerte nos plans. Dans son évangile, Jean a bien montré que de nombreux disciples avaient quitté Jésus parce qu'ils ne voyaient pas où il voulait en venir. Pour eux, il courait à l'échec ! De plus, l'enseignement de Jésus se faisait souvent au moyen de paraboles, de récits de la vie quotidienne qui sont loin d'être des discours philosophiques. C'est par eux qu'il nous fait atteindre la sagesse de Dieu, sans refuser réellement la sagesse humaine, mais en la transcendant. Si Jésus est philosophe ou maître à penser, ce n'est pas seulement par ses paroles, mais par tout l'exemple de vie qu'il nous donne. Et cela commence par l'aphasie de l'enfant.

2011 - Joseph Moingt, jésuite, théologien
croire.com


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