1 décembre 2013

L'AVENT, PÈLERINAGE INTÉRIEUR








Au moment où j'écris ces mots, je traverse le lac de Tibériade. En barque, bien entendu ! (...) Calme plat, sur le lac. Le bateau fait sa traversée en toute tranquillité. Et je repense au récit de la tempête que Jésus apaisa. "Un tourbillon s'abattit sur le lac... Ils étaient en danger..." (Luc 8, 23). Au cours de ce pèlerinage, je sens que la tempête est dans le cœur de plusieurs d'entre nous. Des petites chutes de confiance, des inquiétudes qui nous agitent, des souffrances dans notre passé qui ne se sont jamais apaisées et qui remontent à la surface à certains moments. Un pèlerinage espère toujours un retour aux sources de la foi et forcément, il réveille en nous bien des doutes au passage.
Cela arrive aussi dans tous vos pèlerinages intérieurs, lorsque vous descendez au lieu du silence intime par la prière. Cela arrive quand votre oreille intérieure attend de Dieu une parole, l'écoute et parfois la refuse. Le temps de l'Avent est propice à ce pèlerinage intérieur. Comme sur le lac, ce moment où nous voulons laisser en nous se faire un silence de vérité, est précédé d'un tourbillon. Et Jésus, comme il le fit avec ses disciples, calme le tourbillon et nous l'entendons nous dire : "Où est votre foi ?" (Luc 8, 25) Nous étions sûrs de nous, et voilà que Jésus nous apprend à être sûrs de Dieu.
"Où est votre foi ?", dit Jésus. D'où vient- elle ? Certains diront qu'elle vient de leur éducation. D'autres ne voudront pas se poser la question. D'autres la penseront liée à l'histoire chrétienne de leur pays. D'autres, enfin, diront qu'elle est le fruit d'une rencontre avec le Christ, une conversion, même si depuis longtemps ils récitaient le Credo et allaient à la messe !
La question de Jésus nous pousse à assumer que notre foi n'est jamais  "installée". Passés les tourbillons de notre quête spirituelle, nous oublions que notre foi "revient" de loin ! Souvent, tellement égocentrés, nous oublions même que notre foi "vient" de loin et que nous sommes des convertis et parfois même des reconvertis plusieurs fois...
De loin ? Oui, me trouvant en Terre Sainte, cette évidence m'est revenue à l’esprit. (...) Les chrétiens d'Orient souffrent du fait qu'en Occident on ignore trop souvent qu'il y a des arabes musulmans et des arabes chrétiens. Je me souviens d'un prêtre d'une Église orientale racontant un échange avec une catholique française, très convaincue de sa foi. Surprise de voir un prêtre arabe, elle lui dit ingénument : "Vous devez être un converti ?" Il lui répond que non. Elle insiste : "Mais alors, vos parents étaient des convertis ?" Exaspéré par son ignorance, il lui répond : "Madame, n'avez-vous jamais remarqué que la foi chrétienne a commencé en Orient bien avant qu'on connaisse le Christ en Occident ? Dans cette ‘Histoire’,  de nous deux, c'est donc plutôt vous qui êtes une convertie".

(Éclaire-moi, Seigneur Jésus, par la brillance de la lumière éternelle et chasse toutes les ténèbres de mon cœur. Domine les pensées rebelles et détruis toutes les violentes tentations qui m’attaquent. Commande aux vents et aux tempêtes de mon orgueil de cesser ; dis à la mer de désirs humains : calme-toi ; et au vent du nord : ne souffle pas ! Alors il y aura paix et tranquillité » 
Thomas Kempis, Imitation du Christ, Livre III)


Pendant le temps de l'Avent, (...) entendrons-nous ce grand appel à sortir du tourbillon de nos doutes et de nos illusions : "Redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche" 
(...)

Fr.Philippe Jaillot
in Le  Jour du Seigneur, en ligne

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