| By Thomas Alain |
Les rayons du
soleil baignaient la tête blonde.
Tout était pur
alors et le maître du monde
Était un jeune
enfant dans un pauvre berceau.
Sous le regard de
l'âne et le regard du boeuf
Cet enfant
reposait dans la pure lumière.
Et dans le jour
doré de la vieille chaumière
s'éclairait son
regard incroyablement neuf.
Le soleil qui
passait par les énormes brèches
Éclairait un
enfant gardé par du bétail.
Le soleil qui
passait par un pauvre portail
Éclairait une
crèche entre les autres crèches.
Mais le vent qui
soufflait par les énormes brèches
Eût glacé cet
enfant qui s'était découvert.
Et le vent qui
soufflait par le portail ouvert
Eût glacé dans sa
crèche entre les autres crèches
Cet enfant qui
dormait en fermant les deux poings
Si ces deux
chambellans et ces museaux velus
Et ces gardes du
corps et ces deux gros témoins
Pour le garder du
froid n'eussent soufflé dessus.
Sous le regard du
boeuf et le regard de l'âne
Cet enfant respirait
dans son premier sommeil.
Le bêtes
calculant dedans leur double crâne
Attendaient le
signal de son premier réveil.
Et ces deux gros
barbus et ces deux gros bisons
Regardaient
s'éclairer la lèvre humide et ronde.
Et ces deux gros
poilus et ces deux gros barbons
Regardaient
sommeiller le premier roi du monde.
Charles Péguy, 1873-1914
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