Photo: Sainte Famille de Bordeaux |
La première manière, me semble-t-il, dont le Livre des Psaumes corrige notre prière instinctive, c’est par la place qu’il fait à la louange. Car la louange n’est pas naturelle à notre égoïsme; or elle tient une place immense dans la prière biblique. Le Livre des Psaumes lui même devrait s’appeler livre des Louanges, si son intitulé traduisait l’hébreu (Tehillim) au lieu de traduire le grec.
Louange …
Laissons résonner en nous ce mot que l’usage
quotidien n’a pas encore privé de son timbre. S’il
évoque une grâce et une joie, c’est sans doute parce que la louange
sincère ne peut s’élever que dans la gratuité.
Une louange prononcée pour obtenir quelque chose est une fausse monnaie. Cela
est si vrai que le verbe louer est presque un synonyme du verbe aimer.
Est-il, en effet, concevable
d’aimer sans louer, sans exprimer son admiration? La réponse
à cette question nous éclaire
sur nous-mêmes et sur notre prière.
C’est sans effort qu’au moins quelquefois
nous pressons Dieu de nos appels, alors qu’il
faut vaincre une lourde paresse pour le louer. Si négative
que soit cette lenteur de notre louange, notre défaut
sur ce point a l’avantage de nous apprendre ce que nous sommes: si nous ne
louons pas Dieu, c’est que nous ne l’aimons pas; si nous le louons à
regret, c’est que nous ne l’aimons guère.
Or la louange n’est pas séparable de la pratique du commandement
promulgué par l’Ancien Testament, puis par le Nouveau: Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir (Dt 6,4).
Mais si la louange n’a
de prix que sincère et spontanée, devrons-nous venir à
bout de notre sécheresse par la force? Non. Si nous ne sommes pas sûrs
de savoir louer sincèrement nous-mêmes, nous sommes au moins capables de
reconnaître si la louange d’autrui vient du cœur.
Or la première chose que l’école du
Psautier nous met entre les mains, c’est le document d’une
longue louange, relayée de siècle en siècle. Nous apprenons dans ce livre le simple fait que des
hommes ont loué Dieu, avec la liberté
qui invente et la simplicité qui se repose.
Les psaumes, la prière du corps
Noël
Pécout
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