12 juin 2013

"NÉ DE LA VIERGE MARIE", RÉALITÉ OU SYMBOLE?



Notre-Dame de Clery, Orléanais
1280, bois de chêne


Tout en reconnaissant la valeur symbolique de cette affirmation pour la foi, de nombreux théologiens, en particulier au XIXe  siècle, mais encore récemment, avec Hans Küng* ou Eugen Drewermann **, ont continué à mettre en doute le « fait », la réalité de la conception virginale de Jésus.  Cette position n’est pourtant pas sans paradoxe [...] souligne Joseph Ratzinger. Pourquoi vouloir soudain désincarner la foi chrétienne alors qu’elle« confesse justement que Dieu n’est pas prisonnier de son éternité » ? Son action s’inscrit dans la condition concrète de notre humanité. Au fond, la conception virginale du Christ est tout aussi mystérieuse que sa Résurrection et, comme elle, ne peut être qu’un objet de foi. Le fait que Jésus ne soit pas né d’un père humain et que le tombeau soit vide, ces deux événements, en creux, sont « des signes seconds », l’envers des mystères plus essentiels de l’Incarnation et de la Résurrection du Fils. 
« Ce sont des signes de l’inexplicable et du non-représentable devant lequel l’homme ne peut que faire silence. Toute interrogation sur le comment ne peut qu’être déçue », écrit Bernard Sesbouë ***. Aussi cet article a-t-il toute sa place dans le Credo, car « la conception virginale a besoin de notre foi en la divinité de Jésus pour que nous y voyions une trace du passage de Dieu dans notre monde ». C’est parce qu’on croit que Jésus est Fils de Dieu, que l’on peut croire en sa conception virginale.
 Qu’est-ce que cela dit de Marie ? 
Il faut rappeler d’une part que la conception virginale vise en premier lieu l’identité de Jésus. Ensuite, concernant Marie, elle ne doit pas être confondue avec son Immaculée conception, c’est-à-dire le fait qu’elle ait été préservée du péché originel dès le début de son existence. Pour Marie, cette maternité virginale peut être considérée comme « une consécration de la mère à son Fils », relève Bernard Sesbouë, et en ce sens, elle engage par la suite « la conviction que Marie est restée “toujours vierge” ». Cette affirmation du Credo a aussi permis de mieux comprendre le rôle de Marie pour nous : elle est figure de l’Église, de l’humanité croyante en attente du salut, qui ne peut y parvenir que par le don de l’amour gratuit de Dieu. Par reflet, elle nous rappelle la double origine de nos existences, avance le P. Joseph Jost, prêtre du diocèse de Metz et auteur d’une thèse sur les apparitions de Fatima : « Notre vie nous appartient et, en même temps, Dieu, qui a un projet sur chaque être, élargit notre existence à quelque chose de bien plus vaste. Le Oui de Marie se déploie de manière inattendue. Pareillement, Dieu s’inscrit toujours dans l’histoire des hommes de manière très concrète mais aussi de manière divine, c’est-à-dire inattendue. Ce qui semble inconcevable à vue humaine, peut être “conçu du Saint-Esprit” pour celui qui comme Marie s’ouvre à Dieu dans un même Oui. » 

Céline Hoyeau, journaliste
lacroix.com

* Hans Küng: prêtre catholique suisse, professeur de théologie oecuménique, université de Tübingen -D. 
**Eugen Drewermann: théologien et psy allemand,  en rupture avec l'Église catholique.
*** Bernard Sesbouë: Père jésuite, théologien français

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