"Mon Église tombe en ruine" Christ de San Damiano |
"Mon Église tombe en ruine", avait dit le Christ à François dans la petite église de San Damiano. Ce qui était vrai de San Damiano l'était beaucoup plus de l'Église qu'Il avait fondée et qui se détruisait spirituellement. Les maux qui sévissaient ne variaient pas depuis des générations: simonie, avarice, grossièreté des moeurs et mépris des exigences évangéliques, c'était un catalogue de ce qu'il ne fallait pas faire. Des milliers d'âmes chrétiennes soupiraient après l'idéal que proposait Dieu dans les Écritures et, voyant que l'Église ne le leur donnait pas, erraient et cherchaient ailleurs. Où? Touchées notamment par la ferveur d'un Pierre de Vaux ou de prédicateurs cathares qui confrontaient l'Évangile au luxe païen de l'Église romaine et à la corruption du clergé, elles suivaient ces nouveaux bergers.
Sans doute il y avait des exceptions. Les saints ne manquaient pas dans des lieux parfois isolés, comme s'ils étaient à eux seuls la véritable Église. Il y eut même des saints comme jamais tout le long du XIIème siècle, hommes et femmes, et femmes surtout, parmi les grands visionnaires et les grands mystiques, se tenant comme des statues plus grandes que nature, au fond des monastères et sur les marches du trône, de sainte Hildegarde à Élisabeth de Hongrie.
Mais le désordre général formait un écran d'une éloquence trop spectaculaire pour que l'Église ne fût pas menacée d'un désastre; or elle était dans l'Occident la seule Église chrétienne reconnue par la majorité du peuple. Se séparer d'elle parce qu'elle n'était plus évangélique, c'était aller grossir les rangs des hérésies qui se réclamaient de l'Évangile pur et simple mais sans Église. Ce que tout le monde voyait, François le voyait aussi, mais, si dégradée que fût l'Église, elle restait tout de même à ses yeux la maison du Christ.
Julien Green, 1900-1998, écrivain américain de langue française
in "Frère François", éd. Seuil
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Le choix du nom de François, en l'honneur de saint François d'Assise, un des saints les plus vénérés du monde chrétien, est révolutionnaire. Ce nom symbolise la pauvreté, l'humilité, la simplicité et la reconstruction de l'Église. Le pape François envoie le message que les choses ne seront plus comme avant.
"Je vous avais dit que je vous donnerais de grand coeur ma bénédiction. Étant donné que beaucoup d'entre vous n'appartiennent pas à l'Église catholique, que d'autres ne sont pas croyants, j'adresse de tout coeur cette bénédiction, en silence, à chacun de vous, respectant la conscience de chacun, mais sachant que chacun d'entre vous est enfant de Dieu. Que Dieu vous bénisse."
Allocution du pape François devant les médias, le 14 mars 2013
John Allen, vaticaniste à l'hebdomadaire américain National Catholic Reporter
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