Archevêque d'Olinda et Recife, Brésil, de 1964 à 1985 |
Durant l'été
1968 naissait sous la plume de l'aumônier des étudiants
péruviens, Gustavo Guttierrez, l'expression "théologie
de la libération". « L'Eglise dans la transformation de
l'Amérique latine, à la lueur de Vatican II. »
[...]
Ce vaste courant de pensée
théologique emportera toute l'Eglise d'Amérique
Latine dans son sillage, suscitant de très vives réactions
dans le monde catholique. [...]
Prenant sa source dans une expérience
de contemplation, de compassion, d'indignation et d'engagement aux côtés
des plus pauvres, la théologie de la libération offre une réponse
spécifique à toutes les communautés
opprimées : « La théologie de la libération dit aux pauvres que la
situation qu'ils vivent actuellement n'est pas voulue par Dieu »,
dira Gustavo Gutierrez.
Elle repose sur la prise de conscience
que les pauvres attendent une libération réelle et qu'il est vain de parler du Christ et du salut
qu'il apporte si ce salut n'est pas immédiat. Le critère
le plus précis de l'authenticité évangélique
est donc la lutte contre la pauvreté. "La création
d'une société juste et fraternelle est le salut des êtres
humains, si par salut nous entendons le passage du moins humain au plus humain.
On ne peut pas être chrétien aujourd'hui sans un engagement de libération
». Gustavo Gutierrez
[...]
Théologie
neuve, authentiquement chrétienne par son oecuménisme
et son enracinement biblique, la théologie de la libération
a été l'objet d'innombrables publications. Son audience a dépassé
le seul domaine de sa spécialité. Un très grand nombre de prêtres,
religieux et religieuses travaillant auprès des populations les plus pauvres,
l'ont adoptée avec enthousiasme. [...] On a beaucoup évoqué
en parlant de la théologie de la libération de « perversion de la chrétienté »
et de « théologie des rues ». Elle a été également
accusée de dérive idéologique, d'une forte connotation marxiste dans le
discours, et du recours à la lutte des classes comme grille de lecture des
conflits sociopolitiques. Le fait que beaucoup de membres du clergé
se soit impliqués dans les luttes politiques (allant jusqu'à
prendre les armes dans certains pays) a accru la méfiance
des pouvoirs en place et du Vatican.
La Congrégation pour la doctrine de la foi
s'est prononcée à deux reprises sur la théologie
de la libération. La première instruction, le 6 août
1984, met en garde contre les déviations dues à l'introduction d'éléments
du marxisme et critique les lectures rationalisantes de la Bible qui réduisent
l'histoire du Christ à celle d'un libérateur social et politique. La seconde
instruction, le 22 mars 1986 est plus favorable et intègre
cette théologie au magistère romain de l'Église.
La théologie de la libération est relue de manière
positive en y introduisant la dimension spirituelle d'une théologie
de la liberté.
croire.com
(extraits)
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