On nous a changé
nos protestants! Pour qui revient en France, après quelques années d’absence,
voilà qui ne laisse pas d’étonner
: on avait quitté des « luthéro-calvinistes », on retrouve des « évangéliques
»… Le sérieux, l’austérité et la discrétion de bon aloi ont été remplacés par le charisme de pasteurs aux sermons colorés.
Les bastions traditionnels de La Rochelle ou du Sud Est sont désormais
dépassés par l’implantation des évangéliques
dans les banlieues des grandes villes, où les pratiquants sont souvent d’origine
étrangères et issus de milieux modestes. Bref, le protestantisme français
vit un bouleversement total, et rapide.
Plus étonnant
encore: cette évolution a été remarquablement prise en compte par l’institution:
la Fédération protestante de France, organisation qui rassemble
toutes les Églises protestantes de l’hexagone, a désormais pour président
un évangélique, entouré de collaborateurs baptistes, ou
adventistes. Non sans une certaine élégance,
les réformés, conscient de l’importance numérique
des nouveaux venus évangéliques, leur ont partiellement laissé
les clés de leur maison…La greffe prendra-t-elle ? Difficile à
dire…Mais en réalité, aucune confession n’est
aujourd’hui épargnée par ces glissements de pratique à
l’intérieur des frontières traditionnelles. Le protestantisme
pas plus que l’anglicanisme ou le catholicisme. Il devient difficile
pour chacun de reconnaître les siens: certains anglicans peuvent ainsi se sentir
plus proches de catholiques traditionnalistes que d’autres
anglicans, alors que des catholiques seront plus en affinité
avec des réformés qui eux manifesteront un total désaccord
avec des options éthiques d’évangéliques. Comment dès lors préserver
l’unité ? La question concerne toutes les Eglises…
Les protestants de France eux, ont fait le pari courageux qu’ à
la longue, les différences culturelles entre les diverses tendances se révèleront
moins importantes que la foi qui les réunit…
Isabelle de Gaulmyn, journaliste
Extrait de "Une foi par semaine"
Extrait de "Une foi par semaine"
pour La Croix
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