24 février 2013

MARIE ET L'ESPRIT D' ENFANCE







La mère de Jésus marque la rupture avec le monde d'avant la grâce. L'enfer c'est de ne plus aimer. Tant que nous sommes en vie, nous pouvons nous faire illusion, croire que nous aimons par nos propres forces, que nous aimons hors de Dieu. Mais nous ressemblons à des fous qui tendent les bras vers le reflet de la lune dans l'eau. Or c'est Marie qui a ouvert le monde de la grâce (cf. Galates 4.31: "Nous ne sommes pas enfants de l'esclave mais de la femme libre")
Marie est la Vierge Mère, la Mère de Dieu. Et elle est la fille d'un monde désolé aux mains chargées de crimes, qui secrètement attend la grâce... Mère de la sainte espérance.
La Vierge est la reine des anges, ces anges dont il est dit qu'ils sont attachés aux petites choses, à toutes ces petits travaux innocents, qui donnent la paix, et qui font traverser l'épreuve. Comment ne pas penser aux 30 années de vie toute ordinaire à Nazareth ?
Elle est petite. Sa sainteté est celle des Béatitudes, c'est celle de l'esprit d'enfance, si proche de l'esprit de pauvreté. Que dire ? que faire?  Donner son orgueil avec le reste, tout donner.
Elle est petite fille, bercée par l'humanité, elle appelle l'esprit d'enfance.

Bernanos nous en livre la clé au début du récit, par les réflexions du curé de Torcy :
" D'où vient que le temps de notre petite enfance nous apparaît si doux, si rayonnant ? Un gosse a des peines comme tout le monde, et il est, en somme, si désarmé contre la douleur, la maladie ! L'enfance et l'extrême vieillesse devraient être les deux grandes épreuves de l'homme. Mais c'est du sentiment de sa propre impuissance que l'enfant tire humblement le principe même de sa joie. Il s'en rapporte à sa mère, comprends-tu ? Présent, passé, avenir, toute sa vie, la vie entière tient dans un regard, et ce regard est un sourire. Eh bien, mon garçon, si l'on nous avait laissé faire, nous autres, l'Eglise eut donné aux hommes cette espèce de sécurité souveraine. Retiens que chacun n'en aurait pas moins eu sa part d'embêtement. La faim, la soif, la pauvreté, la jalousie, nous ne serons jamais assez forts pour mettre le diable dans notre poche, tu penses ! Mais l'homme se serait su le fils de Dieu, voilà le miracle ! "

Georges Bernanos, 1888-1948
in Journal d'un curé de campagne, éditions Le livre de poche  
citation mariedenazareth.com


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