[...] Dans l'être humain il y a le déterminé et l'indéterminé. L'identité et la croissance humaine se forgent à travers des choix: des choix d'amis et de valeurs qu'on veut vivre, le choix de sa terre, le choix d'accepter ses responsabilités humaines.
Le premier choix à la base de toute croissance humaine est le choix de s'accepter soi-même; accepter sa réalité telle qu'elle est, avec ses dons, ses capacités mais aussi ses limites, ses blessures, ses ténèbres, ses culpabilités, sa mortalité. Accepter son passé, sa famille, sa culture mais aussi ses capacités de croître. Accepter l'univers avec ses lois, sa place au sein de cet univers. La croissance commence quand on fait le deuil des rêves sur soi et qu'on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre mais belle aussi.
L'être humain ne peut croître que s'il s'enracine, comme la plante, dans une bonne terre. Sa terre est sa famille, sa communauté humaine.
L'être humain doit être nourri physiquement mais il lui faut aussi la nourriture du coeur, de l'esprit et de l'intelligence. Il lui faut une nourriture qui garde le coeur ouvert. Il faut aussi une compréhension intellectuelle - je dirais philosophique - de la vie, de l'être humain, il faut nourrir le goût de la vérité.
Le Royaume de Dieu, le Royaume de l'Amour est comme une semence lancée dans un champ, dit Jésus dans l'Évangile. Quand les personnes perçoivent leur fécondité, comment elles peuvent donner vie aux autres, elles veulent donner davantage. Certes, il y a des puissances d'égoïsme et des peurs en chacun mais quand il y a une bonne nourriture spirituelle, la puissance de l'amour surgit.
Jean Vanier, fondateur de l'Arche
in "Toute personne est une histoire sacrée", éd. Plon
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