Comme le don de l'Esprit est un don,
il faut le demander humblement. Savoir qu’on ne l’a pas, et méditer longuement
sur les pages de l’Évangile. Cette affinité, cette familiarité nous met alors
en communion avec l’Esprit Saint, avec l’esprit du Christ qui va nous aider à
choisir la chose juste. Beaucoup de gens aujourd’hui, croyants ou non croyants,
ont très peur de choisir, de s’engager dans quelque chose de définitif. Ils ont
du mal aussi à faire des choix libres, ils sont comme portés par les
événements.
Je crois, avec saint Ignace, que
l’Esprit-Saint a une mission pour chacun de nous. Cette mission évolue. En ce
qui me concerne, ma mission cette année n’est pas la même que l’année dernière.
À chacun de la découvrir et de la redécouvrir. Cela ne se fait pas par un
exercice de parole, d’exhortation, d’explication, mais par la fréquentation de
la Bible qui nous permet d’entrer dans le dessein de Dieu. Parce que la Bible
nous met dans le monde de Dieu. La Bible et les Exercices spirituels nous
aident à surmonter nos difficultés à choisir, et aussi à faire des choix libres
pour nos vies.
[...]
L'évangélisation n'est pas simple.
Je pense que c’est une question sur laquelle il faudrait discuter longtemps,
parce qu’il y a des milieux qui sont comme clos, fermés à l’évangélisation :
l’Inde, le monde musulman, le monde juif... Là, on peut difficilement proclamer
l’Évangile. Mais évangéliser, ce n’est pas seulement proclamer, c’est aussi
vivre l’Évangile. Et le faire circuler comme par contagion... Dans des milieux
où l’hostilité à l’Évangile est le résultat d’une histoire longue et
pénible, on peut le manifester par des actes sans forcément le dire
explicitement, d’une manière qui serait immédiatement réfutée ou rejetée. Il
faut faire comprendre que l’Évangile est un bien pour la vie de toute personne.
Quand je lis le sermon sur la Montagne, par exemple, je me demande bien en quoi
ce texte est confessionnel. Il s’adresse à tout le monde. Certains textes
s’adressent plutôt aux chrétiens, mais la plupart touchent des couches de l’âme
qui sont en chacun : ne pas s’accaparer la gloire de ce que l’on fait ; ne pas
accumuler les richesses dans ce monde ; pardonner... Cela concerne aussi les
personnes qui ne croient pas en Dieu, des bouddhistes, des musulmans...
Les grandes valeurs ne
sont pas celles qui sont très éclatantes, mais celles qui sont vécues dans le
cœur, qui changent le cœur de l’homme. Et avec ce changement, tous les autres
changements s’ensuivent.
Cardinal
Martini, 1927-2012, archevêque de Milan
cité par croire.com, en ligne
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