Le chrétien n’est pas dans le
monde pour le submerger ou l’annexer, mais pour lui apporter quelque chose de
particulier qui fait toute la différence : il manifeste que le monde, aussi
vaste qu’il soit, ne se suffit pas à lui-même, ne peut se refermer et prétendre
assurer seul le bonheur de l’homme, qu’il a besoin d’un apport extérieur. De
plus, comme le sel pour les aliments, les disciples du Christ manifestent la
saveur et la richesse des réalités de ce monde. Mais si les chrétiens, immergés
dans la vie de ce monde, perdent leur particularité, alors ils ne servent plus
à rien. Si nous oublions celui qui nous envoie dans le monde et la nature de
notre vocation, si nous nous laissons absorber par ce monde sans plus rien y
manifester de particulier, si nous nous contentons de suivre les manières
communes de vivre, notre existence est vaine, et fade est celle du monde.
On se plaint souvent de ce
que le christianisme soit mal respecté dans notre société. On regrette que les
chrétiens soient moqués et quelquefois ostracisés, et que les signes de la
présence chrétienne soient dissimulés ou attaqués. Mais si nous sommes « jetés
dehors » (Mt 5, 13), est-ce simplement parce que les autres nous en veulent ?
N’est-ce pas aussi parce qu’ils ne voient pas trop bien à quoi nous servons ? À quoi bon reconnaître la place des disciples du Christ s’ils n’ajoutent rien à
cette existence ?
Cardinal André Vingt-Trois,
archevêque de Paris,
Homélie du 12 juin 2012,
Congrès eucharistique international de Dublin. (extrait)
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