24 juillet 2011

LA FIN DE TOUTE SOLITUDE



Photo: M. Rieger

Une femme pauvre que j'ai eu l'honneur de connaître m'a dit ce mot, qui est un des plus beaux que j'aie
entendu: "La grande douleur des pauvres, c'est que personne n'a besoin de leur amitié". Personne ne vient chez nous avec le sentiment qu'il pourra recevoir quelque chose de nous. Personne ne croit que nous, les pauvres, nous avons quelque chose à donner."
(...) Et ce cri était d'autant plus déchirant qu'elle vivait depuis dix-huit ans dans cette panique, ne pouvant jamais boucler son budget, constamment suspendue devant un avenir incertain, avec des moyens de fortune qui n'offraient jamais aucune sécurité.
Eh bien, pour elle, la plus grande douleur, ce n'était pas tous les malheurs qui s'étaient abattus sur elle, mais c'était ce mépris de son humanité, c'était d'avoir été traitée et d'être constamment traitée en objet.
L'homme, justement, n'est pas un objet: il est un sujet, un sujet au sens de dignité, un sujet au sens qu'il est la source et l'origine d'un monde nouveau. C'est pourquoi la seule façon de rencontrer un homme, de découvrir son vrai visage, d'entrer en contact avec sa vérité, c'est de le situer dans le monde de la réciprocité, où l'on est toujours en face d'un vis-à-vis, où l'âme cherche l'âme, l'intimité l'intimité, la personne la personne.

Maurice Zundel, 1897-1975,
prêtre, théologien, conférencier
in "Silence, Parole de Vie", éd. Anne Sigier, Canada

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